Foot tout terrain
Le foot c’est partout. Je peux jouer en bas de mon bâtiment avec mon petit frère. Je peux construire le terrain avec des branches d’arbre, des cailloux que je ramasse par terre ou des habits pour faire les poteaux. Je fais ça souvent quand j’ai la flemme d’aller jusqu’au terrain. Je mets soit mon manteau, soit mes chaussures (je joue pieds nus), et tout le monde fait pareil. Les gens qui ne veulent pas mettre leurs vêtements, je leur interdis de jouer. Comme on dit : « Tout le monde pose. » J’ai abîmé beaucoup d’habits en faisant ça. Pour les dimensions du but, je compte cinq pas. Des fois, je triche, je rétrécis mes cages.
Du foot, j’en fais aussi dans le couloir de ma maison. J’ouvre la porte de la chambre au fond et je me mets à l’autre bout. J’essaie de tirer la balle pour qu’elle rentre dans la chambre. Ça, je le fais quand il fait trop froid dehors. Je l’ai fait aussi pendant le confinement, même si ma mère me criait dessus parce qu’elle avait peur que je casse des choses. Elle me disait que si je cassais, c’était moi qui allais repayer ou qu’elle allait me taper. Mais c’était juste des menaces. Bon c’est vrai que j’ai cassé le grand miroir accroché au mur du couloir. Ma mère était tellement en colère qu’elle voulait me frapper, mais mon père m’a protégé. Du coup, j’ai enlevé ce terrain de mon programme.
Entrer dans le parking en douce
Je joue aussi dans les parkings avec mes potes, comme dans le dessin animé Foot2Rue, surtout les aprèms, avant de repartir à l’école, et des fois à la fin de la journée. Pour entrer, on attend qu’une voiture arrive et on la suit tout doucement. On passe derrière discrètement, sinon, si quelqu’un nous voit, il nous fait sortir. Au parking, on ne fait pas de match, juste des dribbles. Quand on joue, il n’y a pas de limite. Et ça se passe toujours mal car on finit par casser des vitres ou des rétroviseurs. Souvent, on se fait sortir. Un jour, on a cassé une voiture. C’est un de mes potes qui a tiré sur la vitre. Après ça, on a tous couru. Je suis tombé et je me suis écorché le bras.
Je joue aussi sur des terrains de foot. Juste en bas de chez moi, il y a le terrain bleu. À chaque fois que j’y suis, soit je vois des papas avec leurs enfants, soit des grands de la cité, soit mes potes qui y sont déjà. Quand je les rejoins, on fait des matchs, des vrais… ou alors on s’assoit et on parle.
Bakary, 14 ans, collégien, Aulnay-sous-Bois