Le sport déplaisir

Quand j’étais plus petite, je faisais de la GRS, gymnastique rythmique et sportive. Quand les compétitions arrivaient, je stressais. J’avais le rôle de porteuse, celle qui est positionnée au sol pour maintenir les filles qui font des pyramides. Une énorme pression reposait sur moi.

En plus, j’étais l’une des moins souples de mon équipe. La coach me mettait la pression pour que j’améliore ma souplesse. Un jour, elle m’a dit de me mettre en tailleur, elle s’est positionnée devant moi pour que mes jambes s’écartent plus. C‘était un exercice compliqué et douloureux. C’était humiliant de ne pas réussir devant tout le monde. Ma passion est devenue pression. Ça m’a fait arrêter le sport.

Les poumons qui se déchirent

Après la gym, j’ai fait d’autres activités telles que la danse, le badminton et la boxe. Mais je me suis lassée de tout. Ça devenait trop répétitif : entraînement, compétition, spectacle. Toujours la même routine. Et la pression. Je me souviens d’un spectacle de danse, j’étais dans la voiture, je me répétais en boucle les pas, j’avais la boule ventre. Une fois dans les vestiaires, l’odeur du gymnase te rappelle qu’il faut être rigoureuse, au maximum. La voix de la coach fait écho dans la salle. Et bam ! Je me retrouve sur scène. Tous les yeux posés sur toi, la musique se lance, j’exerce les pas machinalement. Enfin, les applaudissements du public me font revenir à la réalité et sortir du cauchemar de ce spectacle.

Et puis les sensations de transpiration et d’essoufflement m’insupportent. Le fait d’avoir des courbatures, des crampes ou d’être toute collante après avoir pratiqué. Les poumons qui se déchirent à chaque aspiration. Je préfère les activités calmes et posées comme lire des mangas dans ma chambre. Le sport, c’est bruyant et il y a trop de mouvements. Dans d’autres domaines, la compétition est agréable, surtout quand c’est en solo et que personne ne compte sur toi. Par exemple, scolairement, en maths, je suis à l’aise. Ce n’est pas en équipe et je peux compter sur mon cerveau.

Jade, 14 ans, collégienne, Saint-Denis