Nicholas V. 23/08/2024

S’aérer l’esprit

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L'année dernière, Nicholas a sorti le nez de ses cours pour randonner plusieurs jours en autonomie entre ados dans la forêt. Une expérience forte qui lui a permis de relativiser la pression scolaire.

Ça fait trois jours qu’on est dans la forêt. Où sommes-nous ? Je ne sais plus. Où aller ? Même chose. Quand allons-nous arriver ? Aucune idée. Je m’exclame : « That checks out ! » La petite route marquée sur notre vieille carte indique qu’on est au bon endroit. Finalement, la forêt qu’on traverse depuis ce qui semble être une éternité s’achève…

Je participe au Duke of Edinburgh’s Award, un prix mis en place par le gouvernement britannique. On marche en groupes de trois ou quatre, pendant trois jours, loin de toute civilisation, perdus dans la forêt au Royaume-Uni et même à l’international. Avec notre maison pour la nuit sur nos dos ,et un diplôme et le mérite d’avoir réussi comme récompense. J’en avais entendu parler grâce à un ami dont la mère organise une partie du programme. Il m’avait convaincu de le rejoindre.

Le jour du départ, moi et mes amis nous nous étions mis à marcher joyeusement à travers la forêt, les champs, les collines et les fleuves, à plusieurs centaines de kilomètres de chez nous. C’était après trois semaines d’école où j’avais travaillé sept jours par semaine à cause des contrôles, des exercices de maths, des projets finaux, des commentaires littéraires, des devoirs… Bref, il y avait eu beaucoup de travail. L’esprit d’aventure fermement fixé dans mes pensées, j’avais laissé tout ça derrière moi, et fait mes premiers pas à l’extérieur du parking boueux avec anticipation et joie.

Trois jours plus tard, l’ambiance est très différente. Les dernières lueurs d’optimisme ont quitté notre équipe perdue. Apparaît alors à l’horizon Chagny, une petite ville de Bourgogne qui attend en bas de l’immense colline sur laquelle nous sommes depuis quatre heures. Nous continuons jusqu’à la petite ville avec l’espoir de finalement pouvoir retourner vers la civilisation, la ville, un lit sans branche ni caillou !

Dans la forêt, on revoit ses priorités

Le Duke of Edinburgh’s Award m’a donné une nouvelle perspective sur le monde. Être dans la forêt sans rien pour nous préoccuper fut une pause bien méritée. Ça m’a fait réaliser que le 12 que j’avais eu en physique-chimie n’était en fait pas très important. Quand on était perdus dans la forêt, tout ce qui comptait c’était notre carte abîmée qui nous guidait imprécisément à travers les forêts et les champs.

C’était quelque chose que je n’avais jamais fait avant. Toutes sortes de gens de mon lycée qui souvent ne s’étaient jamais parlé y participaient, et très peu avaient de l’expérience en randonnée. Ça m’a vraiment inspiré à faire des choses que je n’avais jamais faites avant. Ça a été une expérience formatrice. Ça m’a donné des nouvelles compétences, comme le travail en groupe, cuisiner dans la forêt, naviguer sur des terrains variés, et le plus important : ne pas paniquer quand on se perd…

C’est une expérience qui m’a beaucoup plu et qui m’a aidé à voir le monde sous un angle plus ouvert que celui concentré sur les notes, les devoirs et les retards auxquels j’étais habitué. Ça changeait bien de la troisième, où on attendait de moi que je travaille, révise et dorme dans le temps limité que l’on avait. Un prof de physique m’avait même dit que pour réussir dans sa matière il attendait que je révise deux heures par jour. L’idée de réviser deux heures pour chacun des treize cours que j’avais, soit 26 heures par jour, me paraissait impossible. Je suis retourné à l’école, changé. Moins d’angoisses, moins de préoccupations. Pour une fois, j’avais pu oublier tout ce qui me stressait dans la vie. Enfin.

Nicholas, 15 ans, lycéen, Île-de-France

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