Emma V. 12/09/2024

Arrêter l’équitation par amour des chevaux

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Choquée par les mauvais traitements infligés aux chevaux dans les centres équestres qu'elle a fréquentés, Emma a décidé de lâcher sa passion, l'équitation.

« Bien sûr que nos chevaux mangent à leur faim. Bien sûr qu’ils ont un toit au-dessus de leur tête. Bien sûr qu’ils sont bien traités » ; « De toute façon, ils sont entraînés pour ça et pas pour autre chose. » Combien de fois ai-je entendu ces mêmes rengaines débitées de manière machinale par des moniteurs et palefreniers comme pour se donner bonne conscience ? J’ai fait de l’équitation de mes 10 à mes 15 ans, plus une année quand j’avais 6 ans. J’ai vécu dans trois pays différents : l’Espagne, le Maroc et la France. Pendant les quatre années où j’ai vécu au Maroc, j’ai passé mon galop 5. Là-bas, la vie quotidienne d’un cheval de club consistait en des tours de carrière et de manège incessants sous 30 degrés sans une seule pause pour de l’eau, et des maigres rations les rendant squelettiques. Le tout, sans être une seule fois débarrassés de leur équipement de la journée.

J’ai vu des chevaux mourir sous mes yeux, abandonnés par leurs propriétaires car jugés plus assez compétents ou rentables. J’y ai vu un animal dans un tel état de famine que lorsqu’il a remarqué des sacs de nourriture laissés par mégarde à l’extérieur par un palefrenier, son premier instinct a été de se jeter dessus. Il avait tellement faim et la quantité de nourriture ingérée était tellement conséquente, qu’il a fait une colique et il est mort.

Des scènes de maltraitance animale

Je me rappelle d’un après-midi au centre équestre, je devais avoir 11 ou 12 ans. J’ai longé un paddock rempli de chevaux faméliques entassés les uns sur les autres en plein soleil et j’ai ensuite regardé en direction de la carrière presque vide. Un ado sur un petit cheval blanc squelettique lui assenait de violents coups dans les dents et le fouettait sur la tête. Le cheval a failli perdre son œil.

Ce cheval, c’est devenu le mien, je l’ai acheté. Au début, au moindre geste brusque, il paniquait et nous ne pouvions pas l’approcher. Il m’a fallu des mois avant que je puisse toucher sa tête. Même après quatre ans à mes côtés, il est toujours très sensible et méfiant lorsque l’on lève la main pour le brosser ou le caresser au niveau du front.

Un autre jour, pendant un cours, nous faisions de l’obstacle et le poney que je montais a refusé plusieurs fois de sauter. Le moniteur me criait : « Rentre-lui dedans, fous-lui un coup de baguette sur les fesses. » J’étais petite et je me refusais à faire ça. Le moniteur est arrivé et a resserré le montant du filet jusqu’à ce que le mors soit si haut et si serré que le cheval a été forcé d’ouvrir la bouche. C’était soit ça, soit le mono prenait les rênes et la cravache du cavalier et le tapait sur les fesses et dans le ventre.

En Espagne, j’ai fait peu d’équitation mais les conditions étaient meilleures. Néanmoins, les poneys étaient attachés en plein soleil, collés les uns contre les autres sans eau, sanglés, enchaînant les cavaliers. J’ai déménagé en France récemment. J’ai vu la différence au niveau des conditions de vie et de travail du cheval. Mais j’ai accumulé trop de mauvais souvenirs. Aujourd’hui, je ne peux plus faire d’équitation. Ce que j’ai vu plus jeune m’a trop marquée pour que je continue, même dans un environnement où les chevaux sont bien traités.

Emma, 15 ans, lycéenne, Saint-Germain-en-Laye

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