18 ans, étape majeure pour une jeune de l’ASE
Qu’est-ce que j’allais devenir ? Qu’est-ce que j’allais faire comme études ? Où j’allais vivre ? Est-ce que j’allais m’en sortir financièrement ? Et si j’avais la possibilité de rester vivre chez Elizabeth, la référente de ma famille d’accueil ? Étant une jeune de l’ASE (aide sociale à l’enfance), je pensais que la majorité serait une étape compliquée.
Finalement, toutes mes inquiétudes se sont envolées. J’ai eu 18 ans et, l’été dernier, j’ai appris que je pourrais rester vivre chez Elizabeth avec un contrat jeune majeur. Cela me permet de rester au sein de l’ASE jusqu’à mes 21 ans avec une aide versée tous les mois. Heureusement que je n’ai pas dû quitter cette maison et cette famille à ma majorité… parce qu’elle reste essentielle pour moi aujourd’hui dans ma vie d’étudiante, ma vie de tous les jours.
Cela fait maintenant neuf ans que je suis chez elle et je m’y sens bien. C’est mon chez moi, ma maison, mon repère. Elizabeth est un pilier. Elle m’a élevée, m’a appris la vie, les normes et les valeurs de la société. C’est grâce à elle que j’assume pleinement la personne que je suis devenue aujourd’hui. Avant, le regard des autres m’inquiétait. Aujourd’hui, je n’ai plus peur de ce que les autres pensent de moi.
Loin d’un climat familial dangereux
J’avais 10 ans quand je suis arrivée chez elle. La protection de l’enfance est venue à mon école pour nous chercher, mes deux petites sœurs, mes deux petits frères et moi. Ils venaient nous mettre en sécurité, nous éloigner d’un climat familial dangereux. J’étais stressée mais également soulagée de partir loin de chez moi. Je ne savais pas réellement ce qu’était une famille d’accueil. Je n’avais jamais entendu ce terme.
Quand j’ai vu Elizabeth, la personne référente de ma famille d’accueil, je l’ai trouvée apaisante mais avec des traits autoritaires. Elle a des lunettes bleues, les cheveux courts comme à la garçonne et blancs comme la neige. Elle exerce ce métier depuis plus de vingt ans et a eu de nombreuses situations à son domicile. Sa maison se situe à une trentaine de minutes de Brest, avec des champs pas très loin, des vaches et des chevaux.
Au début, cela n’a pas été facile. Tout était différent. Les règles et les modes de vie, l’école, les amis, l’habitat… Elizabeth m’a appris à m’ouvrir aux autres. De la CM2 à la quatrième, je ne me suis jamais sentie à ma place. Mes relations avec les autres étaient compliquées. Je m’enfermais dans les livres pour m’évader.
Prendre confiance en soi
En troisième, j’ai réussi à m’ouvrir, à créer de l’amitié avec des personnes du collège. Elizabeth m’a montré que ce n’était pas en me renfermant sur moi-même que j’allais aider les autres à venir vers moi. Elle m’a apporté de nombreux conseils sur comment prendre confiance en moi et pour que mon passé n’impacte pas ma vie personnelle.
Je sais que je ne resterai pas chez Elizabeth jusqu’à mes 21 ans. Je me suis rendu compte que je veux mon domicile. La majorité m’a apporté plus d’autonomie, de libertés. J’essaie de profiter au maximum de ma vie d’étudiante avec plein de sorties et de nouvelles rencontres et je suis pleinement satisfaite de ma vie. Pour rien au monde je ne retournerais en arrière.
Sacha, 18 ans, étudiante, Finistère
Crédit photo Unsplash // CC Artem Kovalev
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