Harcèlement à l’école : pas un jour sans remarques
Quand je suis arrivé en sixième, j’ai eu une vision de rêve. Je me voyais déjà en troisième, heureux et bien dans mes baskets, comme je le suis aujourd’hui. Sauf que rien ne s’est passé comme je l’avais imaginé. J’étais seul. Tous mes amis de primaire étaient partis dans d’autres établissements de la ville. J’avais laissé derrière moi toute ma « jeunesse » : amis, profs et tous mes souvenirs. La situation était catastrophique. Il n’y avait pas un jour où les gens ne me faisaient pas de remarques.
Ça m’a rappelé des mauvais souvenirs de primaire où j’avais déjà été harcelé par trois personnes. Je m’étais dit que les gens du collège seraient plus matures qu’en primaire et que mon harcèlement cesserait, mais au final j’y ai subi des moqueries sur mon style vestimentaire, ma voix, mon poids.
Un jour, j’en ai eu tellement marre que je me suis battu. Quelqu’un m’avait blessé dans ce qu’il disait. Il avait eu des propos racistes, notamment une blague sur mon prénom. Je me suis directement fâché. Je lui ai fait mal et lui aussi. Il n’y a pas eu de conseil de discipline parce qu’on était à l’extérieur du collège.
Prendre de la distance
Le cauchemar a continué. Je restais tout le temps dans mon coin. Je me sentais comme dans une boucle infernale. Je me suis dit que ça allait changer en passant en cinquième. Au final, ça a continué un peu, mais je n’ai plus répondu par la violence.
Vers le milieu de la quatrième, les choses ont commencé à aller mieux pour moi. C’est le moment où j’ai vraiment changé. Ma voix a mué. J’ai grandi. J’ai maigri. J’ai changé de style vestimentaire et je suis parti deux mois au Sénégal.
Ça m’a fait beaucoup de bien. J’ai vu mes cousins. On est beaucoup sortis. On a fait beaucoup de sport. Cet été-là, j’ai pensé aux moqueries que je subissais. J’avais envie que ça s’arrête. J’ai réfléchi à quelque chose qui ne nécessiterait pas la violence.
« Choisis bien tes amis et suis ton cœur »
Quand je suis rentré en France, j’ai décidé de résister à ces moqueries. Une phrase qu’une amie m’avait sortie en primaire m’a donné de la force : « Choisis bien tes amis, reste sur la bonne voie et suis ton cœur. » J’ai eu l’impression que cette phrase combattait toutes les moqueries. Comme un totem. Quelque chose qui me protégeait. J’ai vraiment pris confiance en moi et quelque chose a changé.
Tout a cessé. J’ai même réussi à pardonner à ceux qui me harcelaient. On est même amis aujourd’hui. Je ne leur ai pas demandé pourquoi il m’avait harcelé car, pour moi, c’est de l’histoire ancienne. Leur demander quelque chose là-dessus, ce serait replonger dans cette boucle infernale du harcèlement. Et j’en suis sorti !
Youssoufou, 14 ans, collégien, Pau
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