Grand ménage sur les réseaux
Mouvement Black Lives Matter, guerre en Ukraine, exploitation des Ouïghours, massacres au Congo, conflit Israël-Palestine… J’utilise Instagram, Snapchat, TikTok et X en moyenne deux à trois heures par jour, surtout pour me divertir mais aussi pour m’informer sur l’actualité. Elle n’est pas joyeuse, mais elle m’a fait ouvrir les yeux sur ce que j’appelle l’hypocrisie des influenceurs. Celle qui vient du fait de ne pas lier les paroles aux actes, ou de mettre en avant un soi-disant engagement pour être tendance alors qu’en réalité on se fiche de la cause.
Tout est bon pour gagner de l’argent, des likes et des followers. Quand je vois des personnes avec des milliers d’abonnés remplacer leur photo de profil avec un carré noir pour soi-disant soutenir le mouvement Black Lives Matter, mais ne rien faire de concret dans la vraie vie, ça me saoule. Même chose quand je vois des gens se prendre en selfie dans des manifestations, juste parce que ça fait une bonne image pour les réseaux. Ou encore quand je vois des influenceurs dénoncer les atrocités qui sont en train de se passer à Gaza, mais qui font en même temps des placements de produits pour des grandes marques qui soutiennent l’armée israélienne.
Alerter pour de vrai
Depuis quelques temps, je fais un bon gros nettoyage en me désabonnant de ces gens aux comportements problématiques. Sur TikTok, quand on fait une recherche en tapant le mot #Shein, on voit des vidéos de centaines d’influenceurs qui collaborent avec la marque. Je me suis par exemple désabonnée d’une influenceuse qui a fait un partenariat avec cette marque de textile alors que quelques semaines auparavant elle alertait sa communauté d’abonnés sur le sort des Ouïghours. Pourtant, de nombreux articles mettent en avant le fait que Shein est soupçonné de tirer profit de l’exploitation de cette minorité musulmane enfermée dans des camps en Chine. Incohérence ? Hypocrisie ? Avec ses 1,3 millions d’abonnés sur Instagram, elle pourrait faire bouger les choses. Mais l’empathie ne semble durer que le temps d’une story. Et le business reprend toujours le dessus.
Concrètement, qu’est-ce que chacun pourrait faire face à ces drames ? Certains appellent à boycotter les marques ou influenceurs problématiques. Je suis d’accord avec ça. Il faut se renseigner avant de consommer et comprendre que nos actes peuvent faire la différence. Moi, j’ai complètement arrêté d’acheter sur Shein. Je privilégie la seconde main via Vinted ou les friperies. Et j’essaie aussi d’alerter au maximum, que ce soit sur les réseaux ou auprès de mon entourage, ma famille et mes amis.
Qu’est-ce que j’attends des influenceurs ? Qu’ils utilisent leur audience pour véritablement alerter sur les différents drames qui se passent dans le monde, qu’ils prennent le temps de se demander si l’appât du gain et leurs petits privilèges valent le coup de sacrifier leur humanité.
Siham, 17 ans, en formation, Roubaix
À lire aussi…
Tiktokeur, ce travail à temps plein, par Louis, 24 ans. Avec une communauté de 500k, Louis est influenceur beauté sur TikTok. Un métier qu’il pratique sept jours sur sept et qui dépasse la production de vidéos.