Nadia S. 17/11/2024

L’absence d’un père

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Les parents de Nadia se sont séparés après sa naissance. La jeune fille n’a jamais connu son père, violent, et en souffre.

Le premier homme à m’avoir fait du mal, c’est mon père. Il a créé un vide en moi. Peu après ma naissance, mes parents ont divorcé parce que mon père était violent avec ma mère. Aussi, je pense, parce qu’il n’avait pas le courage de m’assumer. Il n’a d’ailleurs jamais payé la pension alimentaire pour aider ma mère. J’ai donc grandi sans lui.

À mes 7 ans, ma mère m’a raconté pourquoi mon père était parti. Je me souviens avoir eu mal pour elle. J’avais de la haine. 

Quatre mois plus tard, j’ai demandé à ma mère d’essayer de prendre contact pour la première fois avec lui. Elle a accepté. Deux jours après, on trouve son numéro sur Facebook. 

Tentative de contact

Ça sonne… Au bout de la troisième sonnerie, quelqu’un décroche, j’entends sa voix. Mon réflexe est de pleurer. Je n’arrive pas à faire sortir un mot de ma bouche. J’ai un énorme blocage. Je panique et je finis par raccrocher. 

Chaque soir je finissais en pleurs, en pensant à comment aurait été ma vie si mon père avait été présent. Avoir un père qui donne des conseils, protège. Je voyais d’autres filles passer du temps avec leur père, faire des sorties ensemble, être complices, comme deux meilleurs amis… J’aurais aimé avoir cette chance. 

En même temps, comme mon père était violent avec ma mère, j’imagine que s’il était resté avec nous, il aurait aussi déchargé ses nerfs sur moi, m’aurait frappée. Il y aurait sûrement eu des cris et des pleurs tous les jours. Peut-être que cette violence aurait été pire que le manque. 

Un vide à combler 

Pendant toute mon enfance jusqu’à maintenant, j’ai cherché à combler ce manque. J’essaie de trouver un autre homme, pour qu’il répare cette faille que mon père a causé en moi. Me donne l’affection qu’il n’a pas su me donner. M’aide à devenir une femme qui s’assume et qui a confiance en elle. 

Cette absence, elle a un impact négatif sur mes relations avec les hommes. Je ressens toujours le besoin d’une présence masculine. Mon père ne m’a pas montré l’exemple du genre d’homme que je devais fréquenter, car lui-même n’en est malheureusement pas un. 

Dehors, je montre le visage d’une personne qui paraît heureuse tout le temps, mais arrivée à la maison, c’est tout le contraire. Petit à petit, j’essaie de sortir de cette impasse… Mais je crois qu’on ne guérit jamais totalement de l’absence d’un père. 

Nadia, 20 ans, stagiaire, Marseille

 

À lire aussi…

La série Papa où t’es, par Benjamin, Yasmine, Shierley, Lola et Lucas. Tous les quatre ont grandi dans une famille monoparentale. Dans huit familles monoparentales sur dix, le parent qui reste, c’est la mère. Grandir sans père, c’est souvent grandir dans une certaine précarité, mais aussi apprendre à vivre avec un sentiment d’abandon et/ou de colère, et assumer des responsabilités d’adulte arrivées bien trop tôt.

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