1/2 « En France, je me sens vraiment chez moi »
J’ai atterri à l’aéroport de Paris-Charles de Gaulle le 20 avril 2021. Ce jour-là, j’ai déménagé en France avec mon mari. Avant, nous vivions à Mascate, la capitale d’Oman, un pays magnifique et paisible situé sur la côte sud-est de la péninsule arabique.
Dès le début de notre relation, il était clair que j’emménagerais avec lui et sa famille, en France, après notre mariage. Dans de nombreuses cultures sud-asiatiques, une fois mariée, une femme emménage avec son mari et sa belle-famille. C’est la norme.
Notre mariage a eu lieu au Pakistan, puis j’ai dû emballer toutes mes affaires. C’est à ce moment-là que j’ai réalisé que je quittais pour toujours ma maison, le pays dans lequel j’avais grandi. Et que plus rien ne serait pareil à partir de maintenant.
Bouleversant
Sur le plan émotionnel, c’est la chose la plus difficile que j’aie jamais faite. L’ensemble du processus a été assez bouleversant, car j’avais passé toute ma vie avec mes parents, mes frères et mes sœurs. C’était un changement radical. J’y étais quand même mentalement préparée. C’est ce que j’avais vu autour de moi en grandissant. Déménager ne signifie pas nécessairement que vous quittez votre famille pour de bon. Vous gagnez également une nouvelle famille. Des parents, des frères et des sœurs supplémentaires. C’est un nouveau départ. Le début d’une belle aventure avec votre partenaire.
Le déménagement a eu lieu pendant le Covid, ce qui a rendu les choses encore plus imprévisibles. Ma première impression de la France a été : « Qu’est-ce que c’est que cet endroit ? » Le paysage. Le temps. Tout était très différent d’Oman, une région montagneuse avec peu de verdure. C’était un nouveau spectacle pour mes yeux. Ayant passé toute ma vie dans un pays chaud, j’ai adoré le froid. C’était super agréable pour moi.
Je suis arrivée chez mes beaux-parents. C’est là que nous avons vécu pendant environ deux mois. Ce que je préférais dans cette maison, c’était les grandes fenêtres qui donnaient sur la forêt de Fontainebleau. À la mi-juin, notre maison était enfin terminée et nous étions prêts à y emménager.
Du temps pour soi
La vie ici sans travailler est très différente. Ma belle-mère et moi faisons toutes les tâches ménagères ensemble, si bien qu’il n’y a jamais trop à faire pour l’une comme pour l’autre. J’aime avoir du temps pour moi, ce que je n’avais pas avant, à Oman.
Là-bas, je travaillais cinq jours par semaine et les week-ends j’aidais ma mère. J’enseignais dans une crèche Montessori. J’ai travaillé avec des enfants âgés de 2 à 6 ans. J’arrivais à la crèche environ une heure avant le début des cours pour avoir le temps de préparer ma classe et de faire les impressions de dernière minute pour les activités de la journée. Enseigner était ma seule priorité et je me sentais vraiment accomplie dans ce domaine. Lorsqu’il était temps d’aller en classe, les nounous amenaient les enfants dans les salles. Mes journées consistaient à me réveiller, aller travailler, rentrer chez moi.
Ici, même après avoir effectué toutes les tâches ménagères, j’ai suffisamment de temps pour m’asseoir, me détendre et faire des choses que j’aime, comme dessiner et peindre. J’aime aussi lire, regarder des séries et passer du temps avec mes beaux-parents. Nous nous retrouvons pour jardiner et nous occuper des poules que nous élevons dans notre grand jardin. Nous regardons aussi des émissions pakistanaises ensemble.
Désir de travailler
Mon mari et sa famille sont très aimants et je ne me suis jamais sentie seule. Après trois ans en France, je me sens vraiment chez moi. Je suis définitivement amoureuse de la vie ici. Mon mari me traite comme une reine. Son amour et son soutien ont rendu le déménagement beaucoup plus facile.
Il y a quand même des jours où je m’ennuie et où j’aimerais travailler. La barrière de la langue a été la chose la plus difficile depuis mon arrivée en France. J’apprends le français avec une association depuis environ deux ans et j’ai fait beaucoup de progrès. Je suis déterminée et j’ai accepté ce défi pour moi-même. Mon mari me motive et m’aide. Il m’encourage à parler en français avec lui et me pousse à avoir de petites conversations lorsque je vais chez le médecin, à la pharmacie, au laboratoire… Ça a beaucoup renforcé ma confiance en moi.
J’espère qu’un jour je parlerais couramment le français et que je pourrais enseigner auprès d’enfants, de préférence dans un environnement Montessori, comme à Oman. J’ai hâte de découvrir la culture du travail en France et d’enrichir mon expérience.
Wajeeha, 26 ans, femme au foyer, Avon
Crédit photo Unsplash // CC Omid Armin
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Titulaire d’un master en finance au Pakistan, Safia est devenue femme au foyer en s’installant en France avec son mari. Pour l’instant, son niveau de français ne lui permet ni de travailler ni d’élargir son cercle amical.