« Mon père a toujours voulu faire de moi un guerrier »
Quand j’étais petit, lorsque je tombais ou me faisais mal, mon père sortait cette fameuse phrase : « Lève-toi, sinon tu n’es pas un homme. » Par fierté, je me levais. Parfois, lorsque je le taquinais, il me faisait des balayettes. Moi, je savais qu’il rigolait. Il voulait juste me forger. D’ailleurs, lorsque je tombais, il me rattrapait tout le temps…
Mon père a toujours voulu faire de moi un guerrier. Lui-même a été éduqué par son père de cette manière. Plus jeune, il faisait de la boxe en compétition. Il a arrêté, trop fatigué pour monter sur le ring. Il a donc voulu que je prenne la « relève ». Ça ne m’a pas mis la pression. Au contraire, ça m’a motivé. J’ai fini par me mettre moi aussi à la boxe anglaise.
J’en fais maintenant depuis deux ans. Au début, je n’aimais pas la boxe, ni aucun sport de combat. Je trouvais ça bête de se taper dessus. Maintenant, plus j’en fais, plus j’aime ça. Ça me permet de me défouler tout en respectant des valeurs comme la ténacité, le courage, et bien sûr, le respect des règles et de l’art de la boxe anglaise. J’ai des exemples comme Mike Tyson, Anthony Joshua, et j’aime des films comme Rocky.
Force et courage
Contrairement à mon père, ma mère n’appréciait pas le fait que je fasse de la boxe. Pour elle, c’était trop violent. Elle aurait préféré que je fasse plutôt du basket. Je la rassurais en lui expliquant qu’il y avait des protections.
Un jour, elle est sortie du travail un peu plus tôt et a décidé d’assister à mon entraînement. Lors de cet entraînement, je devais faire un sparring – c’est comme un combat un contre un – léger avec une personne que je connaissais bien. J’ai mis mon casque et, lorsque j’ai vu ma mère entrer dans la salle en souriant, j’ai ressenti une sensation de force et de courage qui m’a donné envie de réussir.
Je suis monté sur le ring. Elle s’est assise. Le coach a dit : « À la touche. » Quand un coach dit ça, ça veut dire qu’on ne doit pas appuyer nos coups. J’ai commencé. Au début, on s’est checkés avec les gants pour se dire bonne chance. Pendant le combat, lorsque l’un de nous deux esquivait, on se disait mutuellement « bien joué ! ». On se lançait des conseils comme « lève ta garde ». À la fin, on s’est de nouveau checkés.
Ma mère a vu que c’était fait dans le respect. Elle a été rassurée et contente de me voir épanoui. Quand nous sommes rentrés, je lui ai dit : « Voilà, Maman, ce n’est pas si violent que ça… » Elle a rigolé.
Depuis, elle aime venir à mes combats et à mes entraînements, de temps en temps. Ça lui fait plaisir et moi ça me motive. Tout comme mon père, elle m’encourage à continuer.
Aujourd’hui, je fais deux entraînements d’une heure trente par semaine. Je veux toujours m’améliorer pour montrer à mon père que je suis capable de surmonter tout type d’épreuve. J’aimerais être professionnel et boxer aux quatre coins du monde. Je prépare bientôt le championnat de France. Mes parents et ma sœur viendront sûrement me voir.
Rayan, 14 ans, collégien, Corrèze
Crédit photo Pexels // CC Gustavo Fring
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