Rémi G. 21/05/2025

Un livre peut sauver une vie

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Alors qu’il a perdu l’élan vital, Rémi croise le chemin de Nora, héroïne de fiction suicidaire. En cheminant avec ce personnage dans un récit initiatique, il retrouve l’envie de vivre.

Cette année, j’ai lu un livre qui a changé ma vie. C’est The Midnight Library de Matt Haig, un romancier anglais. Il nous raconte la vie ou plutôt la fin de vie de Nora.

Nora ne se sent pas à sa place dans sa vie. Elle ne se sent plus capable de vivre. Elle a perdu son emploi, sa mère et ses amis. Elle est rongée par des regrets sur ses choix de vie. Une nuit, elle vide une boîte d’antidépresseurs et écrit sa lettre d’adieu avant de s’endormir une dernière fois.

Comme elle, j’avais perdu l’envie de vivre… Depuis un an, je ne voyais que le mal que je provoquais autour de moi. Je gardais uniquement les reproches de mon entourage, me disant : « Tu gâches ta vie en ne faisant rien. » Comme elle, je ne me sentais plus à ma place.

Pourtant, a priori, j’avais les ingrédients d’une vie « parfaite ». J’ai toujours bien réussi à l’école. J’ai eu mon bac avec 18/20 de moyenne, sans vraiment travailler. Des parents aimants. Des amis. Une copine…

Sauf que la vie parfaite n’existe pas. Ma copine m’a quitté. J’ai arrêté de suivre les cours. Mes parents n’ont pas compris. Je les ai déçus. C’est là que j’ai commencé à regretter ma vie d’avant.

Le livre des regrets

Le livre commence mal et n’a pas l’air très enclin à changer la vision de la vie d’un jeune adulte de 21 ans dépressif. C’est la suite qui va m’y aider.

Nora ne meurt pas mais se retrouve dans une immense librairie où les étagères s’étalent à perte de vue. Elle regarde autour d’elle. Il y a un livre gris au milieu de la pièce et une grand-mère, libraire, assise à son bureau non loin de là. Les étagères, elles, sont remplies de livres verts de tailles identiques mais de teintes différentes.

Elle a à peine le temps de reprendre ses esprits que la libraire se lève et lui propose d’ouvrir le mystérieux livre gris. Elle l’ouvre et se retrouve immédiatement submergée par ses regrets qui sortent du livre.

La libraire lui explique que tous les livres autours d’elle sont les vies qu’elle aurait pu avoir. Elle peut s’y plonger mais, au moindre regret, elle reviendra dans la librairie. Elle en demande un dans lequel elle n’a pas quitté son fiancé. La libraire lui apporte sur le champ.

Furieuse envie de vivre

De chercheuse en Antarctique à popstar internationale, elle vit des dizaines de vie sans jamais trouver la « vie parfaite ». Petit à petit, elle comprend que son bonheur ne viendra pas en vivant parfaitement mais en vivant pleinement sa vie avec ses choix et ses imperfections.

Son livre de regrets disparaît. Elle quitte la librairie et se retrouve dans son salon, dans sa vie remplie de problèmes, mais avec la furieuse envie de la vivre.

Et moi alors ? Et si j’avais continué mes études ? Et si j’avais pu aider ma famille ? Et si je n’avais pas aimé celle qui m’a brisé le cœur ? Ou si j’avais aimé moins fort ? Et si je n’étais pas tombé en dépression ? Et si je n’avais pas abandonné l’idée de vivre ?

Voilà ce que l’on pourrait retrouver dans mon propre livre des regrets. Toutes ces phrases, je les ai gardées en moi pendant des années. Elles ont continué à nourrir ma dépression.

La beauté des petites choses

Ce récit m’a appris à me rendre compte des regrets que je laissais peser sur moi. Je les ai écrits dans un livre. Les voir tenir sur une feuille m’a permis de réaliser à quel point ils sont insignifiants par rapport à ma vie et au monde qui m’entoure. J’ai appris que l’on pouvait faire des choix sans en choisir les conséquences.

Ce livre m’a surtout révélé la beauté des petites choses. Je ne les voyais plus. Le bruit des oiseaux dans les arbres le matin, sourire à mon chien qui m’attend pour sa petite balade, la musique dans mes oreilles, l’eau chaude sous la douche. Aujourd’hui, j’apprends à me concentrer là-dessus plutôt que sur tous mes problèmes.

Petit à petit, je constate des améliorations dans mon humeur et dans ma vie. Je me lève avec des objectifs. Le dialogue a repris avec mes parents. Je suis fier des progrès que j’ai faits. J’ai encore beaucoup de chemin à parcourir mais j’apprends à aimer mes émotions, mes décisions. J’apprends à m’aimer.

Rémi, 21 ans, étudiant, Arcueil 

Crédit photo Unsplash // CC  Wessim Mechergui

 

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