Lucas B. 24/05/2025

Addiction, dépression, guérison

tags :

Alors qu’il commence à consommer de la cocaïne, Lucas perd pied et s’engouffre dans la dépendance. Depuis qu'il a décidé de se faire aider, il chemine vers une vie plus apaisée.

J’ai touché à la drogue pour la première fois à 18 ans. J’étais en soirée dans un appartement avec des amis proches que j’avais rencontrés sur Instagram. On était jeunes. C’était la fête. Ils prenaient de la cocaïne. Pendant deux soirées, je n’en ai pas pris. À la troisième, j’ai cédé pour leur faire plaisir. Et là, je suis parti pour un an et demi de dépression.

À ce moment-là, j’avais décroché de l’école depuis deux ans. Je vivais seul dans un appartement à Paris. Mon père l’avait acheté. L’école était à côté. Je ne peux pas en dire grand-chose. J’y suis allé deux semaines et j’ai arrêté. Il y a trop de choses qui ne m’intéressaient pas. J’étais angoissé.

Les premières fois, la cocaïne, c’était bien. Ça m’a plu. Mais je suis devenu dépendant rapidement. C’est comme s’il y avait une ligne de la santé. Quand tu en prends, t’es au-dessus et quand l’effet s’en va, tu redescends en dessous. Pour moi qui suis sensible, c’est deux ou trois jours après que je peux enfin me remettre de ma consommation.

Pendant huit mois, c’était bien. C’était régulier. La dose n’était pas élevée. Mais je ne gérais pas les consommations. J’étais dans le monde de la nuit. Je travaillais comme apporteur d’affaires dans les clubs parisiens. Ma mission était de ramener des clients du monde entier dans ces clubs, principalement grâce aux réseaux sociaux.

Un cadre, des horaires

Un jour, la drogue a pris le dessus sur ma vie active à cause d’une rupture amoureuse. Ça m’a entraîné dans une grosse dépression. Pendant un an et demi, je ne suis plus sorti de chez moi. Je me suis énormément renfermé sur moi-même. Je ne mangeais plus. J’avais déçu ma famille. J’avais tué ma vie.

J’ai pris la décision de me soigner. Alors j’ai prévenu mes parents en toute franchise de ma situation. Ils ne s’étaient pas rendu compte que je consommais de la cocaïne. Je ne les vois pas souvent. Ils habitent dans le Sud de la France.

Ils ont fait de leur mieux pour m’aider. Ils sont venus me chercher et ils m’ont conduit à l’hôpital Paul-Brousse à Villejuif, dans le service d’addictologie pour ados. Aujourd’hui, ce qui m’aide le plus à me rétablir, c’est le cadre de ce service avec des horaires fixes. C’est un changement total d’environnement. Je me suis inscrit à la boxe thaïlandaise et j’entretiens ma vie avec religion et méditation.

Je n’ai pas consommé depuis mon arrivée il y a deux mois. Je n’en ai plus envie. Je suis déterminé à avancer dans la vie. Ma vie de famille se reconstruit. Les liens redeviennent forts. Je me sens mieux.

J’ai une reconnaissance de mon handicap même s’il n’est pas visible. Je souffre d’un trouble de l’attention, de troubles anxio-dépressifs et j’ai un syndrome Gilles de la Tourette. Je ne tiens pas assis sur une chaise pendant des heures. Par contre, quand j’aime ce que je fais, rien ne peut m’arrêter. J’aime la batterie et la boxe. Quand je fais ça, je suis focus.

J’envisage de trouver une voie professionnelle qui pourrait me convenir. À côté de l’hôpital, je suis une formation qui me permet d’élaborer un projet d’avenir. Elle me permettra d’en savoir plus sur le milieu professionnel qui m’attend après ma guérison.

Lucas, 20 ans, en recherche de formation, Paris

 

À lire aussi…

Au vert pour décrocher de la drogue, par Aaron, 24 ans. Il a plongé dans la consommation de drogues à 22 ans. Après plusieurs hospitalisations, des rechutes et un corps meurtri, il a décidé de tout quitter pour se reconstruire.

Partager

Commenter