L’ombre d’un père absent
Lorsque je regarde autour de moi, je vois des familles « nucléaires ». Un père, une mère et leurs enfants tous ensemble, heureux. Bref, des familles parfaites. Puis je regarde ma famille : une mère qui élève ses deux enfants et un père à moitié présent.
En Guadeloupe, je vivais avec ma mère et mon frère. Je me rendais parfois chez mon père pour quelques jours. Quand je suis partie vivre en France, avec ma mère et mon frère, ces visites se sont stoppées. Bizarrement, ces 7 000 kilomètres de distance ne m’ont jamais impactée. Comme s’il existait déjà un creux entre nous deux.
Un manque de proximité
Bien qu’il ait assumé son rôle de père sur le plan financier, je ne ressens pas de lien fort comme avec ma mère. Il m’offrait des cadeaux de temps à autre et m’emmenait au restaurant. Il m’appelait « princesse » ou « ma fille ». Pourtant, toutes ces marques d’affection ne me touchaient pas.
Ce que je désirais, c’était une vraie connexion émotionnelle avec lui. Le fait de ne pas avoir grandi avec lui a joué un très grand rôle dans ce manque de proximité. Avec ma mère, je me sens bien tandis qu’avec lui, je me sens moins à l’aise.
« Ils sont tous mauvais »
Grandir avec un père absent émotionnellement a eu un impact sur mes relations. On dit souvent que les filles avec des « daddy issues », qui ont grandi sans père, sont plus enclines à être dans des relations malsaines avec des hommes pour retrouver cet amour paternel. Pour moi, c’est le contraire. C’est comme si j’arrivais à percevoir leurs mauvaises intentions ou que je me conditionnais à penser qu’ils sont tous mauvais.
Les garçons de mon âge ne m’intéressent pas. Certains d’entre eux n’ont pas l’air d’avoir atteint une maturité émotionnelle. C’est peut-être pour ça que j’aimais rester avec des hommes plus âgés que moi quand j’étais plus petite. Je recherchais sûrement cette connexion émotionnelle qui manquait avec mon père.
Pour l’instant, je ne souhaite pas être en couple. Je souhaite m’épanouir toute seule. Je suis jeune, j’ai tout le temps. Ma relation avec mon père n’a pas totalement brisé ma vision des hommes. Elle m’a permis d’avoir des standards élevés.
Faith, 17 ans, lycéenne, Conflans-Sainte-Honorine
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