Julie B. 02/09/2025

Le bois au féminin

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Tel père… telle fille. Julie se destine au même métier que son père : menuisière. Un choix qui a pourtant suscité de l’incompréhension dans son entourage.

Pour mon avenir, j’ai choisi un métier qui sonne plus masculin que féminin Mais je ne m’intéresse pas aux avis et aux critiques de mes amies et de ma famille. J’ai trouvé ma voie : je serai menuisière.

Un jour, alors que j’étais encore en 3ᵉ, on discutait orientation en plein repas de famille. Mon oncle parlait de mon cousin qui hésitait sur son avenir. Puis il s’est tourné vers moi : « Et toi, tu veux faire quoi ? » Quand je lui ai répondu, il a eu un petit rire gêné. Il ne me voyait pas du tout dans cette filière. Ma mère non plus n’a pas compris. Pour elle, ce n’était pas un métier pour une fille.

Mais je n’ai rien lâché. Aujourd’hui, je suis en seconde menuiserie au lycée de Pleyben.

« Je grave sur des planches »

En 3ᵉ, mon professeur principal m’a orientée vers le commerce ou l’aide à la personne. Deux filières qui ne me ressemblaient pas du tout. Et puis la voie générale ne m’attirait pas – je n’avais pas le niveau, de toute façon. On entend souvent que les CAP ou les bacs pros sont réservés à ceux qui sont « nuls ». Mais moi, je pense qu’on peut être doué avec sa tête ou avec ses mains. Et moi, je suis manuelle.

J’ai pris exemple sur mon père. Lui aussi est menuisier. J’ai fait un mini-stage au lycée de Pleyben pour me faire une idée plus concrète. J’ai fabriqué une planche à découper, et j’ai adoré. Ce qui m’a toujours donné envie, c’est quand mon père rentrait le soir et me racontait ses journées. Avec ma curiosité, j’ai vite plongé dans son univers. Ce que je préférais dans ses récits, c’était quand il allait chez les gens pour réparer ce qui était cassé, en utilisant plein d’outils différents.

Mon père m’a toujours soutenue. Il m’a expliqué ce qu’était vraiment la vie au lycée, et aussi à l’internat. Lui aussi avait commencé sa formation dans le même établissement que moi ! Le jour où j’ai débuté les cours, il m’a offert un pyrograveur. Depuis, je grave sur des planches. J’ai commencé par une tête de boxer, parce que j’ai un chien de cette race. Cette planche, je l’ai accrochée dans ma chambre.

Assumer ses choix

Aujourd’hui, mes amies et ma famille ont compris qu’ils ne me feront pas changer d’avis. Au contraire : ils essaient maintenant de m’aider au maximum. Quand je ne comprends pas mes cours, c’est ma mère qui m’aide, surtout en anglais ! J’aurai toujours un peu d’appréhension face aux critiques, mais je suis bien dans ce que je fais.

Je reste une fille dans un lycée majoritairement composé de garçons, mais je ne suis pas la seule. Une autre fille est dans ma classe, l’ambiance est bonne, et je m’y sens bien. Je n’ai plus peur d’assumer mes choix.

Julie, 15 ans, lycéenne, Ergué-Gabéric

Crédit Pexels // CC Tima Miroshnichenko

 

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