J’ai été harcelée quand je suis devenue bonne élève
En cours, au début de collège, j’ai fait partie des perturbateurs. Je m’amusais beaucoup avec eux, mais je sentais que je n’étais pas à ma place, pas dans la bonne voie. Cette conviction s’est accentuée lors du blâme que j’ai reçu au dernier conseil de classe. J’ai alors pris conscience de mes erreurs et j’ai vraiment décidé de changer. D’abord parce que j’avais la pression de mes parents et que je savais qu’ils se sentaient humiliés à chaque fois qu’ils étaient convoqués au collège. Mais aussi parce que j’avais une vision de plus en plus claire de mon futur.
À la rentrée de Quatrième, je me suis métamorphosée. Je suis devenue une bonne élève, je participais beaucoup plus en cours et les bonnes notes sont arrivées. Je faisais partie d’un groupe un peu plus calme et sérieux, dans lequel je me sentais enfin moi-même. Mais évidemment, il y a eu des conséquences : je me suis retrouvée face à mon ancien groupe d’amis perturbateurs. Ils n’ont pas compris mon changement de comportement. Pour eux, être un bon élève c’est être un fayot et un « suceur de profs ».
Il s’en est suivi plusieurs mois de moqueries, d’insultes et de surnoms. Ils n’ont jamais cherché à me comprendre. J’ai commencé à perdre confiance en moi et venir en cours est devenu un supplice. Je me sentais très seule. J’avais peur du jugement des autres et de leurs regards accusateurs. Je ne pouvais pas rester dans cette situation. J’ai donc décidé, lors des choix pour la poursuite d’études en Seconde, d’aller dans un lycée où je n’allais retrouver aucun de mes camarades de classe.
Chez « les bourges », j’ai repris confiance en moi
J’ai choisi un lycée, non pas à deux minutes mais à quinze minutes de chez moi. Je suis passée d’un collège de ZEP à un lycée de bourges. Changement total de décor et d’ambiance : le lycée était immense et l’architecture plus ancienne, il y avait une grande statue en plein milieu de l’entrée du lycée, entourée de verdure. Le lycée comportait plusieurs grandes cours. Les élèves avaient un style de vie complètement différent des gens de mon collège. Ils étaient plus calmes et sérieux, et plus ouverts d’esprit.
Étant moi-même très ouverte d’esprit, ce changement radical d’environnement ne m’a pas dérangée. Je n’avais plus peur, je suis redevenue sociable et me suis fait beaucoup d’amis. J’ai repris confiance en moi. Cela m’a permis d’avoir une certaine aisance à l’oral et surtout d’oser prendre la parole lors de discussions entre amis ou simplement en classe, pour répondre à un professeur.
Olivier aussi s’est fait harceler, mais c’était pour sa bisexualité. A lire : « Quand tout le collège a appris ma bisexualité »
Au début, j’ai eu du mal à me confier à mes nouveaux amis au sujet de mon harcèlement. Mais un jour, j’ai décidé de leur raconter mon histoire. Je me suis rendue compte que je n’étais pas seule. D’autres avaient aussi dû faire face à du harcèlement scolaire.
Aujourd’hui, ils en sont encore affectés, n’osent pas faire ce qui leur plaît et se dévalorisent tout le temps. Cela m’indigne et j’essaye encore aujourd’hui de les aider à trouver leur voie, comme j’ai trouvé la mienne. J’ai intégré un BTS en négociation et relation client dans le 14ème, et je me sens enfin à ma place.
Noah R., 20 ans, étudiante, Paris
Crédit photo © Education Nationale // Campagne ‘Non au harcèlement’