Flora B. 06/04/2020

Ma famille a le coronavirus, alors moi je fais quoi ?

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Depuis le Luxembourg, je vois le coronavirus atteindre mes proches. Alors pour ne pas céder à la panique, je me raccroche aux solidarités du quotidien.

Chaque jour, je regarde l’évolution des cas de coronavirus dans chaque pays. Même si les chiffres au Luxembourg me semblent stables, mon cœur se brise à chaque décès ou contaminé en France. J’ai peur du scénario italien et du fait que, d’où je suis, je ne peux pas aider ma famille. Avec eux et avec mes voisins, j’essaie d’aider, comme je peux.

Mon beau-père a été à l’hôpital en réanimation. Il a été contaminé par le coronavirus. Lorsqu’on a appris cette nouvelle, on n’a pas très bien compris. Les médecins qui nous ont expliqué la situation semblaient eux aussi dépassés par tout ça, ce qui rendait les choses difficiles. Nous ne pouvions pas le voir.

J’ai quitté Paris il y a quelques années maintenant pour le Luxembourg, et j’ai l’impression de vivre doublement cette crise car ma famille vit à Paris.

Une semaine après sa contamination, c’est au tour de ma mère

Chaque jour, un médecin nous contactait par téléphone pour nous donner des nouvelles. « Sa santé est instable, il peut être stable un jour, et un autre proche d’être mis sous assistance respiratoire. »

J’essayais d’expliquer calmement la situation à ma mère, sans lui faire peur mais surtout sans lui montrer que je ne la gérais pas mieux qu’elle. Elle m’a demandé ce que signifiait être sous assistance respiratoire. Comment répondre à ça quand l’image d’une machine respirant à la place de mon père me coupait le souffle ? Je lui ai seulement répondu que ça ira.

Face au coronavirus, de nombreuses initiatives solidaires se sont mises en place. NÉON en a fait un tour d’horizon, et ça donne envie de s’y mettre !

 

Dans ma tête, les questions s’accéléraient : est-ce qu’elle va bien ? Pour combien de temps ? Est-ce qu’elle est contaminée aussi ? Comment aider à distance ? La seule solution que j’ai trouvée, c’est de lui donner tous les numéros d’urgence et de l’appeler deux à trois fois par jour pour savoir comment elle se sentait. Pour l’instant, elle allait bien et avait pris conscience de ce qu’il se passait autour d’elle et dans le monde. Une prise de conscience brutale.

Une semaine après la révélation de la contamination de mon père, les choses vont mieux pour lui. Il est sorti de réanimation, respire de lui-même et semble reprendre du poil de la bête.

Mais ce que je redoutais est en train d’arriver, ma mère commence à avoir des symptômes à son tour. J’ai l’impression que l’histoire se répète… Elle n’a pas de problèmes respiratoires, alors le 15 a envoyé un médecin à la maison qui lui a prescrit du Doliprane pour la fièvre et les courbatures. Elle n’a pas été testée mais il a confirmé qu’elle avait bien le virus, mais qu’elle semblait bien se défendre.

Je suis perplexe face à ce diagnostic, mais je n’ai aucun pouvoir sur cette situation et c’est très frustrant.

Entre colocs, avec les voisins, la solidarité

Autour de ce tourbillon de panique et de stress, j’essaie de voir le côté positif et d’aider ceux que je peux. Mes colocataires et moi trouvons le moyen de nous entraider. L’une va faire des crêpes le matin pour apporter un peu de douceur, et l’autre va s’assurer que tout le monde a bien dormi et que personne n’est malade.

Les voisins ont mis une affiche dans l’immeuble pour que les jeunes puissent aider les plus âgés à faire des courses ou autre afin qu’ils puissent rester en sécurité. L’idée est de mettre à disposition son numéro de téléphone lorsque quelqu’un a besoin de quelque chose et on s’organise pour savoir qui est disponible. Les courses ou le courrier sont déposés devant la porte.

Après l’annonce du confinement pour freiner la propagation du coronavirus, Judith est retournée chez ses parents. Mais l’écart générationnel qui les sépare rend la cohabitation difficile… : « Je suis confinée avec un boomer… mon père »

Cette solidarité crée une espèce d’unité car finalement nous sommes ensemble dans cette galère.

En Italie ou en Espagne, pour tuer la solitude du confinement les gens chantent à l’unisson ou trouvent le moyen de jouer au tennis au travers de deux fenêtres. En France comme au Luxembourg, on applaudit les soignants. Au Luxembourg, il est possible d’envoyer aux soignants de la nourriture, des cookies et ou même de leur coudre des masques.

Cela, mine de rien, apaise mon cœur et me donne le sourire. En attendant que mes proches aillent mieux.

 

Flora, 27 ans, salariée, Luxembourg

Crédit photo Unsplash // CC Engin Akyurt

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