Sami M. 09/06/2020

Le foot mixte, ça matche

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Sami a encouragé ses potes à jouer au foot avec les filles. Depuis, dans son ancien club, il y a des équipes mixtes.

Avant, je vivais à Madrid, en Espagne, dans un quartier où tout le monde rêve de devenir footballeur professionnel, le Vallecas. Tous les jours, on se rejoignait avec mes potes. On était environ 20, on avait 7 ou 8 ans et toujours les mêmes règles : les plus forts jouaient en premier, les moins forts après, et en dernier les filles.

Il y en avait une qui jouait à chaque fois. Elle était grande de taille et toujours avec des chaussures de foot. Même quand on occupait le terrain, elle jouait sur la route, elle n’arrêtait jamais. Les autres filles n’étaient pas du tout contentes des règles qu’on avait imposées. Un jour, elles ont même fait une mini-révolte ! Elle nous ont pris notre ballon et l’ont crevé. Nous, on ne comprenait pas leur colère, on trouvait ça absolument normal. Aujourd’hui, j’habite dans le quartier du Val Fourré, à Mantes-la-Jolie. Tous les jours à la même heure, je rejoins les mêmes potes au City du quartier. Aujourd’hui je comprends leur révolte.

Au début, je refusais de jouer au foot avec les filles

À 8 ans, quand je suis arrivé en France au Val Fourré, j’étais étonné car les gars laissaient jouer les filles en même temps qu’eux. Enfin, ils faisaient des matchs filles vs. garçons. Au début, je refusais de jouer avec elles. Je leur disais que moi, en Espagne, je n’avais pas appris à jouer avec les filles. Mes potes étaient surpris et, au fur et à mesure, j’ai fini par accepter. C’était bizarre au début, il fallait éviter de les tacler. Mais, au final, c’était plutôt cool de jouer avec elles.

Aujourd’hui encore, bien que le nombre de femmes licenciées augmente, les inégalités entre les femmes et les hommes dans le football persistent. Brut en a fait le tour.

Quand je suis retourné en Espagne pendant les vacances, j’avais 11 ans. J’ai rejoué avec les mêmes potes d’enfance et j’ai revu cette fille qui n’arrêtait pas de jouer au foot, même sur la route. Elle jouait mieux que certains garçons ! Quand j’ai remarqué que les filles ne jouaient toujours pas avec les garçons, j’ai trouvé ça méchant et bizarre. J’ai décidé d’essayer de faire changer les choses.

J’ai convaincu les garçons de la laisser participer à un match, en leur disant qu’elle avait un meilleur niveau que certains d’entre eux. Ils ne me croyaient pas. Je leur ai parié 10 euros d’argent de poche. On a joué un match et j’étais dans son équipe, elle a tout fait et résultat : j’ai gagné 80 euros qui m’ont permis d’acheter des gants de gardien et des mini-cages.

Maintenant, elle joue en ligue 1 !

Après ça, j’ai continué à communiquer avec mes potes d’Espagne pour vérifier s’ils continuaient de jouer avec les filles juste pour me faire plaisir ou si c’était pour de vrai. J’ai appris que, pour la première fois, l’équipe fille et les équipes garçon des U-12 du club de la ville (le Rayo Vallecano) s’entraînaient et faisaient des matchs amicaux ensemble ! J’ai trouvé que c’était une super nouvelle.

Pendant les grandes vacances, l’année dernière, je suis retourné une semaine en Espagne. Comme je n’ai pas trouvé mes potes au City, j’ai couru au stade du club. J’ai payé 5 euros pour regarder le match et là, j’ai vu que sur le terrain de foot, des filles et des garçons portaient le maillot du club. C’était le premier match mixte qu’il organisait ! Le Rayo Vallecano a gagné le match 3 contre 1, et tout ça grâce à la fille qui jouait au début toute seule sur une route. Désormais, elle joue dans une équipe en ligue 1, devant 14 708 spectateurs ! J’étais fier de mon club.

Kadiatou a dû se battre pour prouver qu’elle avait sa place sur le terrain de foot. Aujourd’hui, elle a gagné le respect et les garçons la veulent même dans leur équipe !

Jouer en équipe mixte, c’est un avantage. Il y a plus d’égalité et ça, c’est positif. Mais le point négatif, c’est qu’il y a des garçons qui sont timides avec les filles et ça rend les choses compliquées. Par exemple, une fois, une fille et un garçon ne voulaient pas être tous les deux en défense, donc on a dû se réorganiser. Le tout, c’est peut-être d’habituer dès le plus jeune âge les filles et les garçons à jouer ensemble ? En plus, si on intégrait plus les filles, elles seraient au même niveau, voire plus fortes que les garçons !

Sami, 14 ans, collégien, Mantes-la-Jolie

Crédit photo Pexels // CC Retha Ferguson

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2 réactions

  1. C’est un belle histoire. Espérons que celà continue dans le temps

  2. J adore !!!! Merci j ai grandi à mlj

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