Hé les mecs, vous n’avez jamais vu de filles de votre vie ?
Jeune fille de 18 ans, le matin, je pars prendre mon bus, direction l’école, sans appréhension. Ils sont endormis. 17h, je prends le bus avec les filles.
À l’arrêt «Jaurès », je descends, je mets ma capuche et je commence mon chemin, pour rentrer chez moi. Directement, je vois un groupe de 7/8 garçons qui m’observent. J’essaie de ne pas les calculer, je baisse la tête et avance assez rapidement. Quand j’arrive à leur hauteur, ils s’arrêtent de parler. Ils me fixent. Là ça va, ils ne tentent rien, mais c’est quand même gênant. Je passe mon chemin, je passe par des ruelles vides.
Quelques fois, je vois 2/3 autres jeunes. Ils me regardent eux aussi. Finalement, j’arrive là où j’habite et comme d‘habitude, je vois le groupe des garçons adossés contre les murs, qui vaquent à leurs activités. Eux aussi arrêtent de parler et me regardent, mais ça ne me gêne pas. J’en connais quelques-uns depuis toute petite, d’autres, par contre, non. Je leur dis bonjour.
Parfois, alors que je marche tranquillement, que je passe comme d’habitude devant un groupe de jeunes, je vois un mec courir derrière moi, m’appeler. Je ne m’arrête pas. Arrivé à ma hauteur, il commence à me parler : « Salut ! Mon pote, là-bas, il te trouve belle/mignonne, t’aurais pas un 06 pour faire connaissance ? » Bien sûr, je lui réponds poliment que je ne suis pas intéressée. Parfois, ils insistent. D’autres fois, ils lâchent simplement l’affaire.
Sérieusement, vous pensez vraiment qu’on va vous passer notre numéro alors qu’on sait très bien que vous allez le faire tourner ? Et puis pourquoi vous le donner ? On ne peut pas marcher tranquillement sans qu’un garçon ou un groupe nous fixe, nous siffle comme si nous étions des chiens, ou vienne nous parler, comme si nous étions des objets. C’est à la limite de l’agression. Et ça, pour un simple numéro de téléphone. Hé les mecs, vous n’avez jamais vu de filles de votre vie ?
Claudia, 18 ans, Argenteuil
Texte rédigé en atelier d’écriture avec Silicon Banlieue dans le cadre du projet Hello World
Illustration Thomas Mathieu
On en parle du manque de cohésion dans ce que tu racontes ?