Laurie L. 07/11/2018

Je suis une fille de la DASS, je passe ma vie à déménager

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Trimballée dans toute la France, forcée à suivre sa famille, Laurie n'arrive plus à s'attacher. Alors elle vit sa vie en partant, tout le temps.

J’ai 19 ans, je suis née à Soisson, une ville en Picardie et je suis une fille de la DASS [actuelle Aide Sociale à l’Enfance]. À partir de mes 10 ans, on m’a demandé si je voulais voir mes parents ou non. Mais c’est mon tuteur légal qui avait le dernier mot. Il s’arrangeait donc avec mes vrais parents et le juge. J’étais obligée de les voir, et même de les suivre quand ils déménageaient.

J’ai déjà déménagé une dizaine de fois. Pas toujours dans la même région : j’ai fait plusieurs villes en Champagne-Ardenne. Là, depuis quatre ans, je suis en Bourgogne. J’ai vécu à Montceau-les-Mines, dans deux trois autres bleds à côté et à Autun.

C’est pareil que « là-haut » en Picardie, c’est normal. J’ai beau avoir vécu dans plusieurs endroits, pour moi, c’est juste des endroits. On m’a souvent dit : déménager tout le temps, c’est comme un jeu de dame. C’est comme être un pion. Mais, pour moi, c’est pas un jeu.

Tous ces lieux, c’est comme être en famille. J’ai rencontré des gens. Il y a des foyers où j’étais qu’avec des grands, d’autres avec des petits. Il y a des familles d’accueil où j’étais qu’avec « mes vieux », la famille quoi ! Mais ce ne sont que des gens de passage. J’ai pas vraiment le temps de m’attacher. C’est comme les gitans ! Sauf qu’eux, ils se connaissent tous ! C’est une famille. Alors que nous, c’est pas vraiment notre choix.

Dans tous les endroits où je suis allée, j’ai rencontré des enfants de partout, de toutes origines, de toutes religions, sans famille. Des gens qui étaient dans des pouponnières, dans des camps, comme des centres d’adoption. Ça dépend du dossier, du juge, de si on a encore nos parents, et du tuteur, celui qui nous gère comme un éducateur.

Partir, c’est un besoin

Depuis que je suis majeure, je suis allée dans un appart de prox’, prêté par l’ASE, le temps de trouver quelque chose d’autre, puis on m’a trouvé un foyer de jeunes travailleurs (FJT), à Montceau, puis à Autun. Maintenant, je suis responsable de moi-même. Je peux enfin décider. Mais il y a plein de trucs qu’il faut que j’apprenne, comme faire des tonnes de papiers : la CAF, les impôts, etc.

Mais ça ne change rien. On est juste mis je ne sais où et c’est un peu partout pareil, il y a juste le nombre d’éducateurs qui change (il y en a plus en foyer de jeunes enfants). Ça m’a apporté une éducation, mais c’est tout. Je sais jamais combien de temps je vais rester, mais je suis jamais restée plus d’un an. Une fois je suis même restée juste trois mois.

Maintenant, même si je suis majeure, je pourrai choisir de rester. Mais comme j’ai vécu toute ma vie en partant, c’est un besoin maintenant, de partir.

Laurie, 19 ans, en formation, Autun

Crédit photo Pxhere // CC0

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2 réactions

  1. A Henriette,
    Ce qui est du n’importe quoi, c’est votre réponse et surtout le ton de celle-ci. Quelque peu teinté de mépris.
    Être suivi par un tuteur, ne signifie en rien ne plus être en contact avec les parents biologiques.
    Pour précision, je suis moi-même né à Soissons et ai été un de ces « enfants » de la DDASS de l’Aisne d’alors, aujourd’hui ASE.

  2. C’est du n’importe quoi ce récit
    Elle confond educateur et tuteur
    Du moment que tu a un tuteur tu es pupilles donc plus de contact avec tes parents

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