Mère et étudiante, voilà comment je vis Madame la Ministre
Lettre ouverte à Madame la Ministre Najat VALLAUD-BELKACEM, défenseur de la condition des femmes.
Madame la Ministre,
Vos domaines de compétences me touchent particulièrement. D’une part, parce que je suis une jeune femme célibataire de 25 ans, maman d’un bébé de 1 an, et d’autre part, parce que je suis étudiante boursière sur critères sociaux en Master 1 de droit international et européen, à la faculté de droit d’Aix-Marseille. Je peine réellement à concilier vie de mère et vie étudiante. J’ai mis au monde ma fille au cours de ma troisième année de licence. Jusqu’au bout, j’ai assisté aux cours.
En tant que mère, je tenais à jouir pleinement de cette nouvelle vie ! J’ai donc opté pour l’allaitement à la demande. Par la grâce de Dieu, j’ai obtenu ma licence et je suis actuellement en master. Oui, mais voilà, je n’ai pas de place en crèche et je n’ai pas les moyens de faire appel aux compétences d’une assistante maternelle agréée. Je dois demander l’aide de ma famille, de mes amies, afin qu’ils puissent garder ma fille quand je dois assister à mes travaux dirigés et que je dois effectuer ma mission en qualité de volontaire de service civique pour une association. Il m’arrive de ne pas pouvoir assister à certains des enseignements parce que personne ne peut garder ma fille, ou encore qu’elle est malade et que je ne peux me résoudre à la laisser seule à l’hôpital.
J’aime être active, avoir plusieurs activités à la fois et je ne veux, je ne dois, pas me sentir contrainte de choisir entre faire des études et être une jeune mère. Les aides qui s’offrent à moi ? L’assistante sociale de la fac m’a renvoyée à celle de la CAF, car ma fille ne rentre pas dans le champ d’application de ses compétences, et l’assistante sociale de la CAF m’a redirigée vers celle de ma fac, parce que mon statut étudiant n’entre pas dans le champ d’application de ses compétences. Alors que faire ? Soit j’abandonne l’école et je m’occupe de ma fille, soit je continue mes études et ce sera toujours le système D. Je ne veux pas entrer dans ce système de la médiocrité et de l’assistanat oisif.
Je suis seule en charge de ma fille, et je suis une mère comblée et heureuse de voir grandir mon petit bébé. J’aime mes études et je suis une étudiante heureuse qui a soif de connaissance. Mais je ne suis pas une mère-étudiante comblée, je dois choisir un camp pour espérer jouir pleinement de mes droits. Aujourd’hui, on parle beaucoup de l’éducation, de la condition des femmes, des violences conjugales, etc., mais dans les faits, qu’est-ce qui est réalisé pour ces femmes, pour leur vie ? Je m’en suis sortie, mais qu’arrive-t-il à celles qui n’ont personne aux pieds de qui déposer leurs fardeaux ? Nos voix sont-elles uniquement audibles en période électorale ou lors de journées telles que celle du 8 mars ? Je m’interroge…
J’espère que mon témoignage aidera d’autres femmes, filles, qui traversent ou qui ont traversé ce que j’ai traversé. Qu’elles gardent espoir et surtout, qu’elles continuent de se battre, car « la fin d’une chose vaut mieux que son commencement ».
Alice N., 25 ans, étudiante, Marseille
Crédit photo gratisography
Bonjour, étonnant car j’ai toujours bénéficié d’aide pour ma part
Je vais partager ton histoire sur la page fb: Le combat d’une maman solo ET étudiante.
Wahou ! C’est un parcours impressionnant !
Bon courage 🙂