Mon village de campagne, ma prison
Dans mon village, c’est la campagne. Mes voisins ont même des poules, des oies, des moutons, des lapins et un âne. À côté de chez moi, il y a des champs, un haras de propriétaires de chevaux. Dans mon village, il n’y a de bus que pour aller à l’école, mais mon arrêt de bus ne se trouve même pas là : il se situe à 15 minutes à pied.
Mon bus n’est même pas un bus. C’est un car. Dans mon car, tout le monde se connaît. C’est agréable lorsque tout le monde s’apprécie mais quand les gens ne s’aiment pas, les mauvais regards fusent.
Dans mon village, les commentaires douloureux et les rumeurs ont leur place. Car dans mon village, tout le monde se connaît et personne ne s’apprécie vraiment.
Je n’ai pas toujours habité ici et c’est sans doute pour cela que je ne l’aime pas. Je suis une fille de la ville et non de la campagne. À la ville, il y a du monde dans les rues, on est plus libres et il y a moins de jugements. Il y a toujours quelque chose à faire. Ici, je m’ennuie. J’ai moins d’ami.e.s et plus d’ennemi.e.s. Ma routine actuelle ne me convient pas.
J’ai été libre en ville, je ne le suis plus dans mon village
J’aimais ma vie à la ville : aller en cours la semaine et ne rentrer chez soi qu’à l’heure du dîner. Il m’arrivait même de rentrer tard le soir et ça ne dérangeait personne. Je ne peux plus faire cela. Maintenant, lorsque je souhaite me rendre à un endroit précis, que ce soit pour sortir voir mes ami.e.s ou même par ordre administratif, je dois me faire emmener par quelqu’un. Ce n’est pas toujours possible et je le déplore.
J’ai été libre mais je ne le suis plus. Ma liberté me manque. Liberté rime avec autonomie selon moi. Je serai de nouveau libre que lorsque je pourrai enfin passer mon permis. À présent, je ne suis plus libre car je ne suis plus autonome. Je n’avais pas besoin de mes parents quand j’habitais en ville, mes ami.e.s habitaient tou.te.s à côté de chez moi.
Cielu aussi habite à la campagne, et les transports c’est un effort ! « Quand je sors, c’est plus que des galères : c’est de l’organisation. »
À présent, je dépends énormément de mes parents et je déteste cela. La dépendance n’est bien sûr pas qu’une question de mouvement, de déplacements mais aussi d’ordre financier. Car oui, actuellement, mes seuls revenus sont ceux que me donnent mes parents. Avant, j’arrivais à trouver un travail d’étudiant facilement. Ici, j’ai essayé mais je n’ai pas réussi. Il y a très peu d’endroits qui prennent des jobs étudiants.
Un jour, je repartirai en ville. Je n’habiterai plus à la campagne.
Mélina, 18 ans, lycéenne, Gambais
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