Andreia 24/04/2019

Vivre à l’étranger en Erasmus, ça décoiffe !

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Comme 18 000 autres lycéens et apprentis en 2018, je suis partie en Erasmus dans le cadre de ma formation pro. En Irlande, j'ai été stagiaire dans un salon de coiffure. De quoi confirmer ma vocation professionnelle et adopter au passage la culture irlandaise !

La première fois que je suis partie à Cork, en Irlande, c’était en 2016, pour un stage d’un mois dans un salon de coiffure. Ça s’est super bien passé. Tellement bien que je suis repartie un mois là-bas début 2017. Quand, quelques mois après mon retour, on m’a dit que je pouvais faire un stage de six mois à l’étranger, j’en ai tout de suite parlé avec ma patronne d’Irlande pour savoir si elle pouvait à nouveau m’accueillir. Elle n’a pas hésité une seule seconde à me dire oui, elle avait même hâte de me retrouver.

Durant ces six mois dans ce salon, j’ai vécu des moments calmes, comme des moments de folie. Avec les fêtes de Noël, le salon était plein à craquer ! On était une équipe de douze personnes (j’étais la seule stagiaire et la seule étrangère) et nos plannings étaient surbookés. Mais si quelque chose n’allait pas, on prenait le temps de s’asseoir et de parler tous ensemble, j’ai pu voir ce qu’était un vrai esprit d’équipe.

J’ai pris soin de ma patronne comme si j’étais sa mère

Comme c’était ma troisième fois là-bas, je savais déjà comment les différents coiffeurs et apprentis étaient, leur tempérament, leurs petites habitudes. La relation avec ma patronne s’est encore plus développée. J’ai commencé à prendre soin d’elle comme si j’étais sa mère. Vu que le salon venait d’être considéré comme le meilleur salon d’Irlande pour la deuxième année consécutive, la patronne avait de plus en plus de travail et elle n’avait jamais le temps de manger ou de boire quelque chose. Un jour, j’ai pris mon courage à deux mains et je l’ai engueulée en lui disant qu’elle devait manger, sinon un jour, on la retrouverait par terre. Tous les jours, je prenais des sous dans la caisse et j’allais lui acheter de quoi manger et de quoi boire. Dès que j’arrivais au salon avec tout ça, je lui disais de remonter et de manger, même si cela n’était que pendant cinq petites minutes. Aujourd’hui, je sais qu’elle prend toujours un petit temps de pause pour manger et boire quelque chose. Et ça me fait plaisir. 

En Irlande, l’enseignement de la coiffure est différent du nôtre. En France, on apprend à tout faire dès nos premières années : des coupes, des brushings, des couleurs… En Irlande, les apprentis passent plusieurs années à se perfectionner en faisant la même chose. Il leurs faut quatre ans, voire plus, pour passer d’apprenti à coiffeur. Sur place, j’ai pu m’exercer à de nombreuses techniques qu’en France on n’utilise pas forcément beaucoup : les coupes très courtes et les crânes rasés, l’utilisation de couleurs dont, en France, on ne se sert pas énormément, comme le vert, l’orange ou le bleu. Une autre culture ! 

Parfois, la patronne organisait des trainings pendant une journée ou une soirée pour nous montrer ce qu’elle apprenait lorsqu’elle partait à des conférence de coiffure. Ce stage m’a permis de grandir, car j’ai pu voir que même avec le rush et les difficultés, je pouvais, avec l’aide de tout le monde, faire face au pire. Ce stage m’a aussi fait comprendre qu’il faut se battre pour être quelqu’un dans la vie, même si ça exige qu’on soit éloigné de sa famille. Seule sur place, j’ai dû apprendre à gérer les choses « d’adultes » comme par exemple un budget. Je payais 600 euros pour le loyer et la nourriture et j’avais un peu plus de 700 euros par mois grâce à ma bourse Erasmus (3800 euros pour la totalité du séjour) et à la bourse du conseil régional (750 euros au total). La patronne me donnait en plus 100 euros par semaine de sa poche. Aujourd’hui, j’ai l’impression de beaucoup mieux me gérer grâce aux tableaux que j’ai commencé à faire là-bas pour m’organiser. 

Je me suis sentie comme une vraie Irlandaise

Six mois dans une vie, on peut se dire que c’est rien, mais au début, j’ai eu peur de la solitude, que ma famille me manque. Au fur et à mesure, je me suis adaptée. Au bout d’un certain temps, j’avais même l’impression de connaître la ville par cœur, avec mes endroits préférés comme le pub Oliver Plunkett (un pub traditionnel irlandais). J’adorais aller la-bas, il y avait toujours une très bonne ambiance, avec de la musique traditionnelle. Il y avait même des danseurs qui faisaient des danses typiques du pays, et la nourriture (poulet pané, fish & chips…) était tout simplement savoureuse, aussi croustillante que tendre. J’ai aussi adoré découvrir le village de Cobh, où se trouve le Musée du Titanic, et Spike Island, une île magnifique qui accueille un site monastique du VIIème siècle. Après avoir visité ces deux endroits, pour moi importants dans l’histoire de l’Irlande, je me suis sentie un peu plus comme une vraie Irlandaise. Moi, qui suis d’origine portugaise ! Construire quelque chose en commun avec des personnes d’autres pays, qui ont d’autres cultures ou d’autres habitudes me semble très important. Cela devrait être un bonheur total pour tout le monde d’apprendre un peu plus chaque jour à propos d’autre personnes !

Ce qui m’a aussi aidée à me sentir chez moi, c’est que j’ai créé des liens très forts avec le couple de ma famille d’accueil. Parfois, j’étais au plus bas moralement, mais ils ont toujours su trouver les mots pour me remonter le moral. À Noël, j’ai  même été invitée dans leur famille à Ballina, dans le nord de l’Irlande. Aujourd’hui, je les considère comme ma deuxième famille. J’ai gardé contact avec eux, je les appelle régulièrement et ils sont même venus à Bordeaux il y a quelques semaines. C’était comme si on échangeait nos rôles. J’étais leur famille d’accueil et je leur faisais découvrir ma belle ville.

Des liens comme ceux que j’ai créés en Irlande, ça vous marque pour la vie. J’espère que dans quelques années, je pourrai retourner la-bas, cette fois-ci pour y travailler en tant que coiffeuse confirmée.

 

Andreia, 20 ans, assistante coiffeuse, Bordeaux

Crédit photo VisualHunt // CC Misplaced New Yorker.. :^).

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1 réaction

  1. Magnifique témoignage. Merci

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