ZEP 21/01/2015

Ce mal-être qui ne me lâche pas

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À l'adolescence on subit parfois les moqueries de ses camarades. Il suffit parfois d'une rumeur pour vous mettre au fond du gouffre... J'en sais quelque chose.

Hier j’ai fouillé dans mon armoire, j’y ai retrouvé un carnet avec à l’intérieur un seul texte écrit de ma main. Le voici :

« Je hais ce monde qui m’entoure. Je ne me sens pas à ma place ici. Chaque jour, dès que je me lève, c’est une torture pour moi d’aller au lycée. Pendant les vacances, je suis au calme dans ma maison. C’est alors que je constate que je suis encore plus seule. Je ne vois personne, je ne sors pas. Chaque veille de rentrée, j’ai une boule au ventre. Le stress m’envahit, la tristesse aussi. Je pleure tous les soirs, je n’ai personne à qui parler de ma détresse. Je ne pourrais supporter cette situation bien longtemps. Cela devient vraiment dur, tout devient livide, noir et sans aucune importance. Je ne suis d’aucune utilité ici, j’aimerais partir. »

Un matin, j’ai décidé d’avaler des médicaments

J’avais quinze ans lorsque je l’ai écrit, et à quinze ans, il n’est pas normal d’écrire des choses comme cela. À mon entrée en seconde, tout allait bien. Puis un garçon a décidé de lancer une rumeur sur moi, rumeur qui a fait le tour du lycée… Mes nouveaux amis m’ont laissé tomber, je me suis retrouvée seule. Les regards de travers ont commencé, les insultes et les jugements. La solitude, c’est pire que tout, elle vous bouffe de l’intérieur. J’avais honte, peur. Ma maison était devenue mon refuge. Ma situation ne s’améliorait pas. C’est pourquoi un matin, j’ai décidé d’avaler des médicaments. Le suicide – ou l’appel à l’aide – était devenu pour moi la solution.

Les mots sont aussi violents que les coups

J’ai aujourd’hui 18 ans. J’ai eu mon bac cette année. Le lycée, c’est terminé pour moi, soulagement. Je pensais être débarrassée de ce « mal-être ». Mais non, encore aujourd’hui, le stress, les larmes, l’angoisse ne partent pas. Quelque chose s’est brisé, je le sens et ça se voit qu’il y a quelque chose de sombre en moi, même mes sourires sont crispés. Ce souvenir est douloureux pour moi, j’ai l’impression d’avoir gâché une partie de ma vie. Je me reconstruis petit à petit, mais il est difficile de refaire confiance. Les jugements, les rumeurs peuvent détruire beaucoup et pour longtemps. Les mots sont aussi violents que les coups, ils marquent à vie.

 

C., 18 ans, Caen

Illustration Flickr CC Karen Eliot

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2 réactions

  1. C’est dur de vivre de l’harcèlement scolaire.
    J’ai vécu presque la même chose au collège (sauf qu’ils n’avaient même pas eu besoin de lancer une rumeur !) et j’ai du voir au moins 4 psy.
    8 ans plus tard, j’ai toujours cette anxiété générale qui à développer une agoraphobie, je suis obligé de faire des études à distance.
    Je sais qu’on peut s’en sortir, ma première année de fac était super, mais il faut faire attention à la rechute, ce que je n’ai pas fait.

    Tente de voir un psychiatre pour faire thérapie cognitivo-comportemental, qui va t’aider à réguler ton anxiété, il n’y en a pas de part chez moi donc je suis obligé de rester sur des thérapie longue, qui même si elles permettent de mieux me connaître n’enlève pas les symptôme physique.

    En tout cas, je te souhaite bon courage

    Miyka

  2. J’adore! je m’y retrouve trop

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