ZEP 26/04/2020

Le confinement, c’est la pause dont on avait besoin

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Avant le confinement, on était tous embarqués par la routine et on ne se posait jamais pour découvrir de nouvelles choses. Maintenant, on prend le temps.

@Zayane. J’ai longtemps eu l’impression que ma vie se déroulait sans moi, trop rapidement pour que je puisse vraiment en saisir tous les moments. Il y avait toujours un truc à faire, toujours un truc auquel penser et pas de temps pour se poser. Pour se demander si c’était bien, si ça valait le coup, si j’aimais ce que je faisais, ce que je voudrais faire après ou juste maintenant.

Dès mes 18 ans, je suis partie de chez mes parents pour faire une classe prépa, des études très prenantes en énergie et en temps. Et j’ai vu passer deux années de ma vie en un clin d’œil.

@Armèle. Travailler, s’occuper de l’appart, des courses, faire du sport, boire des coups, le ciné, les spectacles, faire à manger, papoter, s’organiser, regarder une série… Toutes ces activités étaient mon quotidien. Et parfois, entre deux choses, je me disais : « Il faudrait que je fasse « ça » ou « ça ». » C’est simple : dans les notes de mon téléphone, j’ai des listes partout. Listes de livres, de films à voir, d’activités à faire, choses sur lesquelles je veux me renseigner… Et j’avais beau voir ces listes se rallonger, je me disais toujours que je n’avais jamais le temps. Alors pourquoi ne pas profiter du confinement ?

J’hésite même à apprendre une langue !

@Zayane. Ce fut très dur pour moi de ne plus pouvoir sortir, de ne plus voir de gens et d’arrêter toutes mes activités. Mais là, j’ai redécouvert quelque chose qui pour moi appartenait au monde de l’enfance : l’ennui. C’est étonnant de se rendre compte qu’on n’a rien à faire, rien de prévu, rien d’obligé. Je m’ennuie oui. Et bien que parfois ça me pèse – c’est une source d’angoisse de ne pas savoir quoi faire – je crois que c’est aussi une chance.

@Perle. J’ai appris des dizaines de partitions au piano, là où avant ça je tournais sur la même. J’ai pris le temps d’appeler ma famille, on se contacte plus qu’avant. J’hésite même à apprendre une langue !

@Ewen. Moi, je passe mon temps devant mon écran d’ordi. J’adore les jeux vidéo, mais à cause de mon emploi du temps habituel, je n’avais pas le temps de m’y plonger à fond. Alors depuis le confinement, j’y passe un temps monstrueux (plus d’une trentaine d’heures en deux jours). Je me lève sans horaire fixe, j’allume mon pc, je descends prendre un petit déjeuner, qu’il soit 10h ou 17h. Puis je remonte et lance un de mes nombreux jeux non-terminés, et j’y joue jusqu’à 20h.

L’heure du repas est non négociable avec mes parents. Après avoir fumé une clope avec ma mère, je retourne illico dans ma chambre et replonge le nez dans mon ordinateur.  Ça me permet de m’évader de cet enfermement, en laissant voyager mon esprit dans ces mondes oniriques où le coronavirus n’existe pas.

Le confinement peut paraître long mais c’est aussi l’occasion d’appuyer sur pause et de repenser notre rapport au temps. La philosophe Hélène L’Heuillet nous en parle dans le Huffpost !

@Armèle. Je me suis plongée dans mes listes le troisième ou quatrième jour de confinement. Je les ai rassemblées en une pour noter toutes les idées qui me passaient par la tête. Aller courir, lire, dessiner, colorier, s’informer, apprendre le langage des signes, tester le yoga, faire des étirements, cuisiner… Et tiens, pourquoi pas construire un four à pain dans le jardin, peindre, regarder des concerts ou spectacles en ligne, prendre un cours de théâtre ? Pour l’instant, j’ai fait quelques trucs mais je suis loin d’avoir tout fait. L’idée est plus d’avoir des activités à faire. Déjà pour garder des repères, mais surtout pour ne pas subir le confinement et ne pas avoir la sensation d’être un légume trop cuit.

Ça me fait du bien de ne pas être pressée par le temps

@Zayane. L’ennui pousse à la création. Je prends vraiment le temps de faire les choses, de profiter, de découvrir. Je prends le temps de cuisiner de bons plats et de découvrir de nouvelles recettes. De parler avec mon copain et de continuer à apprendre à le connaître. De regarder des films, des séries, d’appeler ma famille et de parler de choses futiles. Je prends aussi le temps d’écrire, chose que je n’avais pas faite depuis longtemps.

Et puis surtout, je prends le temps de réfléchir, à ce que je veux, à ce que je suis. J’essaie de me confronter à mes angoisses et de comprendre d’où elles viennent sans me laisser distraire. Et, bien que ça ne soit pas facile, je sens que ça fonctionne un peu. J’avance dans mes réflexions et ça me fait du bien de ne pas être pressée par le temps ou des pressions extérieures.

Yasmine, Carla, Analicia, Mai, Océane, Hanane et Sofiane ont, eux aussi, pris la parole ensemble sur La ZEP ! Ils et elles s’inquiétaient de la propagation des fake news sur le coronavirus sur WhatsApp. Parce que les premiers à y croire, souvent, ce sont leurs parents.

@Armèle. Prendre le temps, c’est aussi accepter la situation. S’ennuyer et ne rien faire est normal. Ne pas arriver à faire quelque chose, aussi. Mais comment allons-nous utiliser cette situation pour en faire quelque chose de constructif ?

 

Ewen, Armèle, Perle, Zayane, de 20 à 23 ans, volontaires en service civique, Paris – Toulouse

Crédit photo Unsplash // CC Alex Guillaume

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