Xenia 30/12/2020

J’ai dix frères et sœurs

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Xenia a une famille nombreuse et l'aime plus que tout. Mais ce n'est pas de tout repos, surtout pour sa mère qu'elle aide comme elle peut !

« C’est une équipe de basket », a-t-on dit à ma mère pour le cinquième enfant ; « C’est Blanche-Neige et les sept nains », pour le septième ; et enfin : « Ta mère a prévu des remplacements pour l’équipe de foot ? » J’ai une famille comme les autres, sauf qu’on est onze : j’ai dix frères et sœurs. Une des phrases les plus répandues que j’entends lorsque je dis que j’ai une famille nombreuse est : « T’as combien de chambres ? Vous dormez dans un dortoir ? Et les courses ? Le linge ? » Mon quotidien, c’est toute une organisation, parfois très compliquée. Mais pour rien au monde je ne quitterai ma famille pour m’installer seule.

Le matin, ma mère, fatiguée de sa courte nuit, trouve quand même l’énergie de se lever. Elle réveille les plus jeunes (dont trois collégiens, un lycéen et le petit dernier). Pour moi, pas besoin de réveil : les cris, la porte qui s’ouvre et la lumière en plein visage font le travail. C’est l’heure de préparer le petit-déjeuner. Avec cinq frigos et les placards toujours remplis, il y a toujours du choix. Ma mère va aux courses deux fois par semaine. Elle en a à chaque fois pour plus de 600 euros la semaine. Cela revient à deux Smic de nourriture par mois. 

Je me dirige ensuite dans l’une des deux salles de bain mais, évidemment, elles sont toujours occupées. Après la toilette, je pars enfin en cours. C’est l’un des seuls moments de la journée où je me retrouve seule et enfin libre, loin de tout ce bruit et toute cette pression.

Dans sa série de podcast Faire Famille, France Culture s’interroge sur le lien qui unit la famille, parfois fort, beau, abîmé ou encore inexistant. L’épisode « Rester groupés » nous plonge dans le quotidien de quatre familles hors-normes, dont une de quatorze enfants :

En fin de journée après les cours, je suis tout de même contente d’enfin retrouver la bonne ambiance de la maison… qui m’avait manqué. Quand j’ai le temps, je me charge de faire faire leurs devoirs aux plus petits tandis que ma mère s’acharne sur les tâches ménagères. Que ce soit les sept tournées de linge par jour, le nettoyage, le rangement de la maison, le repas, il y a de quoi faire ! Je la sens très fatiguée et sous pression mais surtout combattante pour tenir la cadence chaque jour. 

On se répartit les tâches ménagères

« À table ! » : c’est l’heure du dîner. Tout le monde crie et accourt vers le repas… qui est plutôt un buffet. Ma mère doit toujours préparer en très grande quantité. D’ailleurs, les repas ne s’arrêtent jamais : mes deux grands frères rentrent du foot tard, deux autres travaillent de nuit. Après le dîner, c’est aussi toute une organisation, on se répartit les tâches ménagères : vaisselle, débarrassage et nettoyage de la table, balai et toilette des petits. Moi, je m’occupe de débarrasser la table et de laver les plus jeunes. Nous essayons de faire au mieux pour aider notre mère.

C’est seulement dans la soirée, lorsque le dernier est couché, que la maison retrouve son calme. Un de mes frères est atteint de trisomie 21. Son arrivée a changé le quotidien de la famille, et il anime beaucoup la maison.  

Lucas est fils unique… mais avec quatre sœurs et un frère quand même. Ses parents se sont rencontrés après avoir eu des enfants. Au milieu de cette famille nombreuse et recomposée, il a du mal à trouver sa place

Capture d’écran de l’article illustré par une photo : Devant un ciel nuageux sombre une file de personnes dont on ne voit que les silhouettes descendent une pente.

Vous vous demandez sûrement pourquoi je ne prends pas un appartement seule ? J’y ai pensé par moments, pour avoir mon intimité. Mais je me rends vite compte que c’est cet entourage qui me rend heureuse chaque jour. Notre maison est remplie de rire et de joie, de pleurs et de disputes mais c’est un tout ! Quel bonheur de voir tout l’amour que l’on donne et que l’on reçoit. On ne s’ennuie jamais, il y a toujours de l’ambiance, pour rien au monde je ne voudrais changer ça. Plus tard, je souhaite même avoir une famille nombreuse.

Xenia, 17 ans, étudiante, Rennes

Crédit photo Unsplash // CC Tyler Nix

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