J’ai été harcelée sur Twitter par les gens de mon lycée
Durant mon année de Seconde, je suis sortie avec un des garçons les plus « populaires » du lycée. Moi qui n’étais d’habitude pas une fille que l’on remarque, j’étais sous les projecteurs. Grâce à lui, toutes les filles voulaient apprendre à me connaitre.
A 16 ans, c’était la folie. Je me sentais enfin intéressante, enfin exister. Sauf que bien évidemment, tout ne s’est pas passé comme prévu. Au bout de deux ou trois mois, le grand gaillard a voulu aller plus loin. Je n’étais pas du tout prête et le lui faisais savoir. Sauf que le garçon dont j’étais folle commençait à s’éloigner de moi à cause de ça.
Alors qu’est-ce que la gamine de 16 ans un peu perdue a décidé de faire pour prouver à son « bien-aimé » qu’elle valait quand même le coup ? Et bien elle a envoyé une photo d’elle dénudée. Et bingo, le garçon était super content ! Tellement fier d’avoir une copine qui ose faire ce genre de choses… qu’il l’a envoyée à tous ses super copains.
Sur les réseaux ils avaient les pleins pouvoirs
Et là, le cauchemar a débuté. J’ai reçu sur Facebook plusieurs demandes d’ajout de garçons que j’ai acceptées sans savoir ce que cela engendrerait par la suite. Quelques jours plus tard, j’étais officiellement devenue la risée de tout un établissement. Mon harcèlement quotidien prenait la forme de moqueries par messages sur Facebook ou Twitter : « Envoie tes seins pour voir ! » ; « T’adores ça petite exhibitionniste ! » ; « Bah quoi, tu veux plus montrer ta chatte ? ».
Au lycée, c’était seulement des regards insistants. Ils n’osaient pas vraiment m’approcher pour se foutre de ma gueule. Tandis que sur les réseaux, c’est comme s’ils avaient les pleins pouvoirs. De vrais dictateurs qui exerçaient leur emprise sur moi sans aucune pitié.
Pour la copine de Nico, c’était beaucoup plus frontal. Complètement dépassée, il a dû la sauver du cyberharcèlement.
Leur harcèlement ne me laissait pas de marbre. Oui, c’est bien Internet qui m’a rendu complètement folle, honteuse, paranoïaque. J’en suis même venue à rester cloîtrée chez moi pour observer les moindres activités des autres garçons au cas où ces derniers décideraient de publier la photo sur Facebook ou Twitter.
C’est fou l’emprise que peuvent avoir de simples réseaux sociaux sur des personnes comme nous. Même aujourd’hui, je pense que ces derniers ont toujours cette même emprise sur moi, sur l’image que je renvoie aux autres. C’est triste, j’ai comme l’impression qu’ils ont pris la place de mentor dans ma vie…
Charlotte, 21 ans, étudiante, Paris
Crédit photo Flickr // CC Brian Kopp