Je vais regarder les jeux paralympiques de Rio… Et vous ?
A l’heure où j’écris, mercredi 13 avril à 21h 10, il reste exactement 147 jours, 3h, 48 minutes et 3 secondes avant le début des jeux paralympiques qui débuteront le 7 septembre 2016 à Rio, en Amérique du Sud. Au programme : 528 épreuves, 4 350 athlètes venant de 176 pays, 23 sports différents (tir à l’arc, tennis de table, tennis en fauteuil, natation, triathlon, rugby en fauteuil, cyclisme, équitation, football…)
On devrait parler de Théo dans les collèges, lycées et universités
Pourquoi regarder ces jeux ? Comme un exemple vaut mieux qu’un long discours, je voudrais vous parler du sportif de haut niveau qui m’a convaincue de les regarder. Il s’agit de Théo Curin, 15 ans.
Si vous ne connaissez pas Théo, j’ai envie de dire que c’est à la fois normal et profondément anormal. Parce que, malheureusement, à l’heure actuelle, les sportifs handisport ne sont pas reconnus à leur juste valeur en France, bien que l’on note de réels progrès ces dernières années. Pour les jeux paralympiques de Rio, les chaînes du service public ont promis une couverture médiatique aussi importante que pour les JO des valides ! Une première ! Mais il n’empêche qu’encore aujourd’hui, la majorité des sportifs handisport ne sont pas connus alors qu’on sait par cœur les noms des joueurs de l’Équipe de France valides.
Normal et anormal parce que la France ne reconnaît pas la culture du handicap. Car oui, le handicap n’est pas une faiblesse, mais bien une culture à part entière. Ses langues (les abréviations AAH, PCH, MDPH…) représentent bien une véritable langue étrangère pour les non-initiés ! Sans même parler de la langue des signes ou du braille. Et puis, il y a ses films, ses œuvres littéraires, ses grands hommes, ses scientifiques, ses sports, ses codes, sa manière de vivre… J’en suis d’autant plus persuadée que je fais moi-même « partie » de cette culture.
En effet, je souffre de dyspraxie, un handicap moteur de la même famille que la dyslexie qui, entre autres, nuit à l’acquisition des apprentissages manuels (faire ses lacets, écrire manuellement…) Mais je suis presque fière d’avoir ce handicap, car il se trouve qu’Einstein l’avait aussi (il est mort sans savoir faire ses lacets d’ailleurs).
Ainsi, si vous regardez les jeux paralympiques, vous ne verrez pas des handicapés, mais des citoyens qui tentent de faire reconnaître leur culture au reste du monde.
Normal et anormal parce qu’il n’y a pas, ou peu, d’éducation aux handicaps. Or, on devrait parler de Théo et de bien d’autres personnes dans les écoles, les collèges, les lycées et les universités. Car les jeunes ont besoin de modèles pour prendre confiance en leurs capacités. Et j’ai tendance à croire qu’on se sent beaucoup plus proche d’une personne qui a eu des problèmes plus ou moins graves et qui a su les surmonter que d’un « Dieu du stade » auréolé de gloire, sans faiblesses visibles… et donc inaccessible.
Théo, quadriamputé et… médaillé d’or aux prochains JO ?
Théo Curin aura 16 ans le 20 avril prochain. Il est champion de natation. Il est quadriamputé, c’est-à-dire qu’il a été privé de ses deux bras et de ses deux jambes à la suite d’une méningite foudroyante à l’âge de six ans.
Comment faire face à un si lourd handicap ? Par chance, au même moment, sa maman est tombée sur un livre qui allait tout changer. Son titre : « J’ai décidé de vivre ». Ce livre, c’est celui de Philippe Croizon, sportif très connu dans le champ du handicap. Lui aussi a été quadriamputé à la suite d’une grave électrocution. Suite à quoi, sans bras et sans jambes, il s’est mis à la natation et… a traversé la Manche en 2010 et rallié les 4 continents à la nage en 2012 !
A sa sortie de l’hôpital, Théo a rencontré Philippe. Grâce à lui, il a appris à nager, à dompter sa peur de l’eau, le regard des autres, et à comprendre que l’avenir pouvait lui sourire. Il a donc décidé de devenir champion de natation, et comme il était visiblement très doué et très déterminé, il a intégré le pôle de natation handisport de Vichy en 2013 ; une structure qui accueille de jeunes handicapés se destinant au sport à haut niveau.
Depuis lors, Théo n’a eu qu’un seul objectif : la médaille d’or aux prochains JO ! Deux ans qu’il s’y prépare avec une volonté de fer : trois à quatre heures de natation par jour, un emploi du temps hyper chargé entre les cours, les entraînements, la préparation physique… Et voilà que le grand jour approche ! Autant dire que tous ceux qui connaissent son histoire sont à fond avec lui et que le suspens est à son comble.
Des jeux paralympiques plus impressionnants que les JO des valides
Voilà pourquoi je vais regarder les JO paralympiques de Rio : pour voir un jeune homme réaliser un rêve qu’il poursuit depuis des années avec un acharnement, un courage, une force incroyables. Car je ne doute pas une seconde qu’il va y parvenir.
A mon sens, cette histoire montre parfaitement pourquoi les JO paralympiques sont souvent (beaucoup) plus impressionnants que les Jeux Olympiques des valides.
Car, que serait l’histoire de Théo s’il avait gardé ses bras et ses jambes ?
Rien de plus que celle d’un sportif valide parmi tant d’autres. Ses victoires sportives auraient sûrement été dignes d’éloges…. mais pas impressionnantes. Car, reconnaissons-le, il est beaucoup plus impressionnant de voir nager aussi bien et concourir aux Jeux Olympiques un jeune homme privé de ses bras et de ses jambes que quelqu’un qui a tous ses moyens, non ? D’autre part, son rêve n’aurait certainement pas pris une telle ampleur, et il n’aurait certainement pas été le symbole d’espoir qu’il incarne aujourd’hui.
Car, si tout est possible pour Théo, qu’est-ce qui peut bien être impossible pour nous, que nous soyons valides ou handicapés ?
Si le petit garçon d’autrefois, sans bras et sans jambes a pu réaliser ses rêves, qu’est-ce qui peut bien vous empêcher de réaliser les vôtres ?
C’est cela que l’on devrait dire dans les écoles.
Quelques reportages sur Théo ici et là !
Sol, 21 ans, étudiante, Chalons-en-Champagne
Bonjour !
Merci pour votre commentaire et bonne chance à votre fils !
je trouve que toute personne porteur d’un handicap est d’une exemplarité de courage de force et d’une envie de vivre extraordinaire.je suis maman d’un garçon qui vient d avoir 18ans et porteur d un handicap et d une maladie rare .Il est en ime et suivi par un tas de spécialistes des interventions chirurgicales qu ‘une personne valide n aura jamais de toute sa vie Donc pour conclure oui ce sont des personnes à parts entières et qui méritent le respect. Merci pour votre lettre.