L’oeil de Camille – Cachée derrière mon appareil photo…
Au moins, quand je prends les gens en photo, je peux me bercer de l’illusion qu’ils sont beaux, intelligents et ouverts, qu’ils voient plus loin que juste la surface des choses. Si je me mets à leur parler, souvent, je comprends que ma vision est fausse.
J’aime les gens dont je prends l’image. La réalité… Elle fait mal quand elle arrive en pleine face, et je me mets à ne plus les aimer.
Il est dur, souvent, de se rendre compte de ce que pensent réellement les gens de vous, de réaliser qu’ils ne voient pas plus qu’une personne timide, introvertie, intimidée par le monde, et qu’ils ne font pas l’effort de gratter la surface pour découvrir une « vraie personne ». Une personne qui n’osera pas, elle, faire le premier pas, car trop mal pour entreprendre ce mouvement.
Alors, cachée derrière un appareil photo, je surprends les gens, leurs attitudes, leurs habitudes, leurs plus belles expressions, ce qu’ils pensent pouvoir cacher.
Aujourd’hui, et ce n’est pas la première fois, j’ai cru voir quelque chose, mais je me suis trompée. Ce n’était qu’une belle enveloppe, vide. Je n’en veux même pas à ce jeune homme, il n’a fait que passer dans ma vie, il n’etait pas aussi beau que je le pensais, c’est tout.
J’en suis persuadée, je ne suis pas la seule dans ce cas. Combien sommes-nous à nous cacher derrière un objectif parce que les gens nous déçoivent ? Parce qu’ils ne répondent pas à nos attentes, ne comblent pas le vide, ne savent pas voir au-delà d’un mur de timidité et de peur de l’autre ?
J’avais beaucoup d’images en tête pour ce morceau de vie, plein de visages de gens que j’aime mais qui restent des énigmes, mais… j’ai préféré leurs mains. Elles sont magnifiques, et ont leur propre histoire. Toujours en mouvement, marquées par les épreuves mais toujours là, belles, qui ne savent pas mentir, ni sur leur âge, ni sur ce qu’elles sont, ni sur ce qu’elles ressentent.
Camille Cohendy, 25 ans, étudiante à Marseille, originaire de Clermont-Ferrand
Crédit photos Camille Cohendy
on se cache derrière ce qu’on peut, ce que l’on veut, mais je n’ai jamais entendu qu’un photographe se cachait derrière ses objectifs. Au contraire j’ai toujours pensé que c’était une grande ouverture sur le monde, les gens et tout ce qu’ils en font. Voici donc une autre facette que je ne connaissais pas. Mais l’interprétation d’une photo est subjective car tout le monde peut y voir une vision différente. Est on sûr alors de bien se faire comprendre? Que de questions….. En tout cas, j’aime beaucoup tes photos, quant à les comprendre.. je l’espère