L’oeil de Camille – Errances
S’il y a quelque chose que j’aime faire, c’est partir, que ce soit loin ou pas, juste pour changer d’air, voir de nouvelles têtes, m’échapper quelques heures, jours, semaines…
Prendre un avion, un train, pour une autre destination. Embarquer quelques affaires, un accessoire, et décoller. Se laisser porter quelques heures, loin.
Aller voir ailleurs si j’y suis. Parce que ce n’est peut-être pas mieux ailleurs, mais ça a le mérite d’être différent, on peut adopter un autre point de vue sur les mêmes problèmes, prendre de la hauteur.
C’est quitter sa terre natale pour explorer l’inconnu, se confronter aux autres réels possibles. Rendre concrets tous les cours de géographie abstraits que l’on a eu depuis l’enfance.
J’ai déjà pas mal voyagé, mon dernier voyage remonte à la mi-février, je suis repartie pour la quatrième fois en Tunisie, parce que j’en avais besoin, je devais éclaircir une situation confuse, j’avais un besoin urgent de changer d’air, les 6 mois avaient ete particulierement eprouvants et je voulais revoir mes amis.
Reprendre les études m’a rendue un peu hyperactive : tout le temps besoin de faire quelque chose, d’aller voir ailleurs, cela m’a donné envie de découvrir toujours plus, de ne pas me contenter de ce que l’on me donne. J’ai besoin de nouveaux sons, de nouvelles couleurs, de découvrir de nouvelles identités, constamment. Je veux m’enrichir de tout ce qui peut passer sous mes yeux.
Mais pour contrebalancer cela, j’ai aussi besoin de beaucoup de calme. Il y a quelques années, la première fois que je suis partie en Tunisie, j’étais logée dans la famille d’un ami. J’y ai redécouvert le calme, le silence absolu, j’avais le sentiment d’être apaisée, enfin. Pouvoir se réveiller dans un environnement tel que celui-là, ça tient un peu du magique tellement c’est devenu rare.
Selon moi, un des éléments-clef de ces paysages, c’est l’eau. D’ailleurs, quand on parle de partir en weekend, de se poser quelque part, on dit « se ressourcer ». On revient toujours à l’eau. J’ai la chance de vivre à Marseille depuis bientôt cinq ans, moi qui viens des volcans. Je prends cette relocalisation pour une vraie aubaine : mais partout où je vais maintenant, j’ai besoin de l’avoir pas loin, que ce soit un ruisseau, une rivière boueuse, un fleuve en crue, un lac, une mer, voire un océan. Quelle qu’en soit la couleur.
C’est nécessaire, vital même, de faire un break de toute l’agitation qui nous entoure. Souvent, on se dit qu’on partira plus tard, qu’on prendra des congés dans quelques mois. Parfois, il ne faut pas attendre. Même partir deux jours en weekend, pour s’échapper, n’importe où mais ailleurs, ça peut sauver de bien des situations. Etrangement, cela permet de se recentrer sur l’essentiel de nos vies, parfois de rencontrer de nouvelles personnes qui impacteront nos choix futurs, et qui élargiront notre champ des possibles.
Camille Cohendy, 25 ans, étudiante à Marseille, originaire de Clermont-Ferrand
Crédit photos Camille Cohendy
C’est écrit.