Antoine P. 14/12/2018

Ma passion m’a appris à travailler

tags :

J'ai toujours eu du mal à travailler. À quoi bon ? En commençant à jouer de la guitare, avec mon frère comme prof, j'ai pris goût à l'effort.

On m’a toujours expliqué que le travail était une contrainte. J’ai abandonné cette idée en découvrant ma passion. Difficile aujourd’hui d’imaginer comment serait ma vie sans la musique qui occupe une place centrale dans mon quotidien. Pourtant j’ai découvert tard cet univers.

J’étais passionné de musique et j’écoutais en boucle certains disques de mon père. Mais ce n’est qu’à 14 ans que j’ai posé les mains sur une guitare électrique, une simple Fender Telecaster, prêtée par mon frère ; un instrument sans prétention, mais qui aura toujours une place particulière dans mon cœur. C’est ce même frère qui m’en appris les bases, ce qui nous a rapproché, nous qui avions toujours été plutôt distants l’un de l’autre.

En vérité, c’est d’ailleurs en partie pour me rapprocher de lui que j’ai tenu à me lancer dans cet apprentissage. Avec cinq ans d’écart, nous n’avions jamais réellement partagé d’activités ou de jeux plus jeunes. Le résultat s’est révélé être bien au-delà de mes attentes, puisse que non seulement nous non sommes rapprochés, mais j’ai également fait de magnifiques rencontres avec d’autres musiciens, qui sont devenus des amis proches et qui partagent encore aujourd’hui mon quotidien. Cet apprentissage m’a également apporté des moments uniques sur scène ou en studio.

Talent = patience x rigueur

Je n’ai jamais été très studieux. J’ai toujours eu beaucoup de mal à me concentrer sur un objectif et à visualiser la méthode pour l’atteindre. Or, lorsque j’ai débuté mon apprentissage, je me suis rendu compte que je pouvais appliquer avec rigueur les méthodes prescrites par mon frangin, sans en voir immédiatement les résultats, tout en n’ayant pas l’impression de travailler dur et de manière contraignante. Passer plus d’une heure par jour à répéter les mêmes gestes, parfois sans progression visible à vue d’œil peut paraitre barbant, mais j’avais au fond de moi cette impression de me construire moi-même, brique par brique. J’avais constamment en tête l’idée que peu importait la longueur du chemin à parcourir, je pourrais atteindre mes objectifs et m’en fixer de nouveaux juste après. J’avais confiance, mon frère me le répétait : même si je ne voyais pas de résultats immédiats, je m’améliorais continuellement par un travail régulier et rigoureux.

Je ne suis malgré tout pas devenu le plus studieux des étudiants, encore trop souvent sujet à une flemme maladive. À l’inverse, alors que l’on m’a fait pratiquer les maths pendant dix ans, à mon grand dégoût, c’est seulement une fois que j’ai intégré un cursus à la fac où je ne les pratiquais plus du tout que je me suis mis, en discutant avec des amis ayant poursuivi cette voie ou en regardant des conférences de grands mathématiciens, que je mis suis mis à trouver cette discipline fascinante.

Aujourd’hui, j’ai ma propre vision du concept de talent, que je ne vois plus comme un don mais presque comme une équation mathématique (du genre talent = patience x rigueur) et cette conception me donne foi en mes projets. J’ai bâti moi-même une relation privilégiée avec mon frère dont je suis fier. Je sais maintenant qu’un artiste peut apporter beaucoup au monde, mais surtout s’apporter énormément à lui-même, comme si j’avais appris à m’améliorer pour moi, et pas pour une commande extérieure.

 

Antoine, 20 ans, étudiant, Nanterre

Crédit photo Adobe Stock // © silverkblack

Partager

Commenter