Mes parents ont divorcé, je suis devenue leur messagère
Mes parents se sont séparés quand j’avais un an et demi. Ma mère et moi avons vécu toutes les deux jusqu’à mes 4 ans à Paris. Quand ils sont passés devant le juge, mes parents ont décidé que je passerai la plupart de mon temps chez ma mère, et une fin de semaine sur deux (du jeudi au dimanche) chez mon père.
Du côté de mon père, j’ai un grand frère dont je suis très proche. Au départ de mon frère en internat, dans une autre ville, mon père a décidé d’aller s’installer en Bretagne avec sa femme. Je précise, contre tous les a priori sur les belles mères : on s’entend vraiment bien ! J’avais 11 ans quand j’ai commencé à rejoindre ce côté de la famille un week-end sur deux. Nous sommes devenus encore plus complices.
Ma mère et moi sommes aussi très proches. J’ai une demi-sœur de 9 ans, dont le père est parti quand elle avait 6 ans, alors on s’est toujours entraidées. Ma mère culpabilise souvent de trop me traiter en adulte.
Ma mère et mon père ne se sont jamais bien entendus, du moins depuis leur séparation. Mon père limite le plus possible les échanges avec ma mère, car cela devenait trop compliqué. Ils passaient leur temps à s’insulter, même par mail. La dernière fois qu’ils se sont parlés, c’était au début de l’année de Troisième, pour le choix des lycées.
Ça ne devrait pas être à moi de gérer
Ma mère, ne comprenant pas ce non-échange avec mon père, me demandait souvent des informations : où j’allais le week-end, ce que je faisais avec mon père, et comme elle ne comprenait pas pourquoi il ne voulait jamais rien dire, cela se terminait souvent en disputes et en insultes.
Pendant cette année de Troisième, ça arrivait à chaque fois que je revenais de chez lui. À chaque fois, elle s’énervait contre moi, en le traitant de connard. Je la pardonne parce que je sais que sur le moment elle est juste énervée et qu’elle ne se contrôle pas. Elle s’excuse souvent, mais c’est pesant de se recevoir cette colère dans la gueule, surtout quand les insultes sont dirigées vers des personnes que tu aimes. Mon père ne l’apprécie pas non plus énormément, mais il me le fait moins savoir.
Maintenant, c’est beaucoup plus rare, bien que l’organisation reste toujours assez compliquée. Quand je dois faire un voyage scolaire ou un stage de musique, je deviens une vraie messagère !
Bien qu’aucun de mes deux parents ne soit avare, je me retrouve à devoir négocier pour savoir qui payera cette fois, sans les vexer. Je passe des heures au téléphone avec l’un à répéter ce qu’a dit l’autre, puis inversement. C’est juste chiant. Très honnêtement, je m’en fous de savoir lequel des deux va payer et ça ne me dérangerait pas d’annuler le voyage ou le stage pour les arranger.
Ça me fait plus perdre du temps qu’autre chose et je trouve que ce n’est pas à moi de gérer. Le plus drôle, c’est que les deux sont d’accord sur le fait que ce n’est pas à moi d’organiser, de m’occuper de tout ça… mais ils continuent tous les deux à agir de la même façon.
Julie, 15 ans, lycéenne, Paris
Crédit photo Flickr // CC Thomas Hawk