Janny M. 14/02/2019

Quand je suis passée du kif à l’amour

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Janny craquait souvent pour des garçons. Tomber amoureuse, ça a changé beaucoup de choses pour elle. Surtout au vu des circonstances...

Moi j’ai toujours été le genre de personne à kiffer ! J’ai toujours eu (chaque année depuis la sixième) un crush, cette personne à qui on porte de l’importance, de l’intérêt, sans pour autant réellement l’aimer. Je m’amusais beaucoup, j’aimais ça, c’était clairement mon passe-temps. On aurait pu croire que j’étais une « meuf à mecs », mais le truc, c’est que je ne suis jamais sortie (et je n’ai jamais rien fait) avec aucun d’entre eux. À force de jouer débilement à ce qui pour moi était un jeu, tout s’est retourné contre moi. Quand j’ai commencé à « aimer » au lieu de « kiffer ».

J’ai essayé d’étouffer les sentiments que j’avais pour ce garçon (grand, cheveux bouclés, magnifique sourire, trop waouh) pendant un an, mais je n’ai jamais réussi. Je n’avais jamais ressenti une sensation aussi gênante ! Au début, c’était horrible, parce que je commençais vraiment à comprendre l’expression « avoir des papillons dans le ventre », alors que pour moi, c’était une phrase de vieux, qui n’avait pas de sens et qui était complètement stupide. Pourtant, c’était tellement agréable. En fait, l’amour, c’est une chose bizarre, mais qui te fait sentir bien. Tu éprouves des milliards de sensations dont certaines sont réellement indescriptibles.

Ce garçon, je pensais tout le temps à lui, j’avais toujours envie d’être avec lui. Et pour moi, « aimer » était gênant dans le sens où je me retrouvais carrément en position de faiblesse. C’est comme si je subissais tout ce que je critiquais. Jusqu’à aujourd’hui, je ne sais même pas pourquoi je l’aimais. Ça ne devait sûrement pas être à cause de son physique, sinon j’aurais « aimé » tous mes autres crush avant lui !

On s’aimait, on se détestait

Le pire dans cette histoire, c’est qu’il m’aimait aussi. On ne se l’était jamais dit directement mais on connaissait cette réciprocité. Ça m’a poussée moi, la petite joueuse, à complètement accepter la situation et à ne plus m’amuser avec qui que ce soit.

On était proche à notre manière : on s’aimait, se détestait. La routine d’un petit couple, quoi ! Mais le problème, c’est qu’on n’a jamais été ensemble. On était super discrets. Je ne parlais pas de lui en profondeur à mes amies qui étaient un peu les siennes aussi. Et ses amis à lui ne connaissaient pas mon prénom. En gros, on était vus comme de simples potes « bonjour, au revoir ». Être amoureuse pour la première fois de ma vie était vraiment mon plus grand secret et je pense que se cacher ainsi était nécessaire pour ne pas attirer le mauvais œil des gens ou la jalousie, parce qu’il y a tellement de rumeurs sur tout et n’importe quoi dans les écoles.

On faisait toutes sortes de choses (des fois graves futiles) quand on était seuls. Ça en devenait presque romantique. Comme ces fois où après s’être checkés pour se dire au revoir, l’un retenait toujours l’autre juste pour continuer à se faire des grands sourires et quelques compliments. Il y a aussi eu cette fois où on a fait un jeu consistant à serrer la main de l’autre le plus fort possible pour gagner. Lui ne me serrait pas fort la main parce que pour lui, c’était comme me faire du mal. Le truc qui nous a clairement empêchés d’être ensemble, c’est la religion ! Je suis chrétienne et lui musulman, c’était donc carrément impossible.

J’ai tellement d’amour pour ma religion que jamais j’aurais pu faire une croix sur ça pour être avec lui. J’avais beau l’aimer de tout mon cœur, c’était hors de question. C’est vrai qu’on est jeunes et que ce ne sont pas des choses auxquelles on devrait penser à notre âge, mais moi, j’en étais au point d’imaginer (plusieurs fois !) me marier avec lui plus tard. Bien sûr, il ne devait pas avoir les mêmes pensées que moi par rapport au mariage, mais déjà le fait de se rappeler qu’on était de « mondes différents » créait un grand écart entre nous.

J’ai essayé de le repousser, sans succès

Du coup, je suis devenue vachement désagréable, juste pour qu’on s’éloigne. J’essayais de lui faire comprendre que je ne lui portais plus d’intérêt : je l’évitais dès que je le voyais, l’ignorais quand nos yeux se croisaient… Parfois même, je parlais mal de lui à certaines amies en me demandant si elles allaient lui répéter mot pour mot mes paroles, alors que je ne pensais réellement pas ce que je disais.

De temps en temps, je passais mes récrés avec mes potes garçons en espérant qu’il nous verrait et qu’il serait tellement jaloux que ça le soûlerait d’être attaché à une fille comme moi. Mais rien n’y a fait. C’était comme si les autres étaient invisibles et qu’il n’y avait que moi et toujours moi dans son champ de vision. C’était adorable, mais ça compliquait encore plus les choses. Il était tellement gentil, sociable, souriant, drôle et bête à la fois, qu’on aurait presque dit qu’il était l’enfant le plus heureux du monde alors que comme tout le monde, il avait aussi sa sensibilité. Et j’avais honte de le faire souffrir bêtement comme ça. À tel point que j’en ai pleuré un jour, parce que j’avais peur qu’il me déteste ou un truc comme ça.

Après quelques périodes difficiles, on a continué à passer la plupart de notre temps ensemble, à discuter de tout et de rien, à se fixer lorsqu’on était beaucoup trop entourés et à rigoler de vive voix quand on était les seuls à comprendre les signes qu’on se faisait. Et étant donné que j’aime ce Dieu qui veille sur moi jour et nuit, que je prie à chaque instant et qu’il fait tellement de miracles dans ma vie, je me dis qu’avec ce garçon, on finira peut-être un jour ensemble.

Janny, 17 ans, lycéenne, Creil

Crédit photo  © Netflix // A tous les garçons que j’ai aimés (film 2018)

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2 réactions

  1. Morgane, le truc que tu ne comprend pas c’est que : oui Dieu et Allah sont la même personne étant donné que « Allah » c’est juste la traduction de Dieu en arabe, mais ce qu’elle veut dire c’est que les croyances sont différentes malgré les similitudes de la Bible et du Coran. N’importe quel Chrétien t’expliquera à quel point c’est dur de vouloir faire sa vie avec un Musulman puisqu’ils ne partagent pas les mêmes croyances et leurs enfants ne sauront pas quelle voie suivre. Elle ne disait pas qu’on avait besoin d’être de la même religion pour être ensemble mais être DE LA MÊME religion pour pouvoir se marier et finir ensemble. Il y a une grande difficulté et un écart d’idees quil faut que tu comprennes.

  2. Être ensemble ne veut pas forcément dire se marier. Et on n’a pas besoin d’être de la même religion pour « être ensemble ». En plus, techniquement, Dieu et Allah sont la même personne… même si les conflits religieux tendent à montrer le contraire…

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