Temps d’écran : 17 heures ! Ma vie entière sur les réseaux
Quand je regarde mon temps d’écran, y a marqué 17 heures : cinq heures sur Snap et quatre heures sur Insta. C’est sans compter Youtube, Netflix et Facebook bien-sûr. Ma vie entière, elle est sur les réseaux.
Déjà, j’ai connu mon copain via les réseaux (Insta). Il y a un an, j’ai vu que j’avais un nouvel abonné. Mon Instagram est en public avec 2500 abonnés, donc je calcule pas trop tous mes abonnés, mais mon (futur) mec m’a fait réagir car je connaissais déjà son grand frère via les réseaux sociaux.
Il est venu me voir en message et le courant est vite passé. En plus, on a les mêmes délires. J’avoue, j’étais fière de lui parler parce que il y a grave des meufs derrière lui. Sauf qu’il parlait à 1000 meufs et du coup je faisais partie de sa liste, et je me disputais avec lui pour rien. À l’époque, c’était un gamin et d’un coup, vers janvier, il m’a supprimé, moi et toutes les meufs qu’il avait sur les réseaux.
Sur Insta, j’ai trouvé mon mec, et des rageuses…
Mais vous vous souvenez que je connais son grand frère. Vers juin, il a posté une photo de son petit frère sur Insta. Vers septembre, j’ai commenté : « Ahh un ancien. » Et il m’a à nouveau ajoutée sur les réseaux.
Les conséquences des réseaux sociaux sur les jeunes inquiètent. Pourtant, des études récentes tendent à nuancer les discours alarmistes : « Les réseaux sociaux peuvent aussi faire du bien aux ados ». Un article à lire sur Slate.
Ça fait deux mois, on se parle non-stop. Il m’a présenté chez lui à ses parents, ses tatas et tontons et ses cousins et même à ses meilleurs amis. Il m’a mise en photo de profil sur les réseaux et c’est pas rien, parce que je suis la seule qui a réussi à le faire changer d’avis sur les meufs ! En plus, c’est pas pour me la flamber, mais y a grave des filles derrière lui, et je suis fière d’être avec lui. Mdrr.
Mais encore une fois les réseaux interviennent… Des filles qui voulaient sortir avec lui sont venues me voir en privé et m’ont mal parlé. Mon mec m’a dit de ne pas réagir car je sais pas qui est derrière l’écran. Mais j’attends de trouver les adresses des filles pour les attraper, parce que je parle pas pour rien. Encore une fois, c’est les réseaux qui me créent ces problèmes, car je l’ai mis en photo de profil et les filles sont jalouses. Au lieu de garder mon couple pour moi, j’ai voulu l’exposer.
M’exposer sur les réseaux, c’est montrer que je suis heureuse
Ça me sert strictement à rien d’exposer ma vie entière sur les réseaux, mais j’arrive pas à m’en passer…
Quand je mange dehors et que j’vais dehors, à Paris, Disney, ou autre, je snap. Quand y a quelque chose de marrant, je snap. Quand j’écoute une musique que j’aime bien, je snap. Quand je suis avec des gens que j’aime bien ou des gens connus, je snap. Tous ces moments sont la plupart du temps des moments heureux. Peut-être, c’est pour montrer à tout le monde que je suis heureuse et afficher une bonne image de moi.
Je sais très bien ça me sert clairement à rien, à part faire envier des gens qui souhaitent mon malheur parce que j’ai l’air d’être toujours heureuse. Je suis comme tout le monde, j’ai des moments où je suis pas bien, mais les gens quand ils voient mes stories, ils doivent se dire : « À oeeehhh elle est bien elle, elle est toujours heureuse, on va voir quand il va lui arriver quelque chose si elle sourit comme ça. » Je sais pas pourquoi je continue à faire ça, mais je me dis que je dois avoir une bonne image aux yeux des gens, même si je ne les connais pas.
Les réseaux c’est une grande famille
Les réseaux, c’est aussi une deuxième famille. Je me suis fait des putain de potes sur Insta. On a un groupe de cinq filles, on se connait toutes sur les réseaux, et maintenant on se connait dans la vraie vie. Notre groupe, il s’appelle « Chicas del Diablo .» On passe notre temps à critiquer les meufs qui parlent pour rien et leurs vieilles vies à la Caprisun. On s’appelle toutes les cinq en Facetime H24 même quand on fait caca mdrrrr ! Je les ai présentées à mes parents car c’est mes amies proches.
Élodie a décidé de ne plus utiliser de réseaux sociaux pendant deux ans. Même si ça l’a coupée de certaines opportunités, elle ne regrette pas de l’avoir fait : « Deux ans sans réseaux sociaux, ça m’a fait du bien ! »
Je fais très attention à qui je parle et comment je leur parle, avec tout le monde. Et encore plus sur les réseaux, parce que je sais pas y a qui derrière l’écran. Il peut y avoir une bonne personne comme un putain de psychopathe ou un pervers… En fait, j’ai plusieurs potes mais pas beaucoup d’amis.
J’ai pas envie de te donner des conseils, déjà que tu te tapes les conseils de tes parents chez toi, j’ai pas envie de te soûler. Juste utilise les réseaux sans en abuser parce que sinon, tu vas devenir comme moi.
Quand je vais à un concert et que je poste pas sur les réseaux, j’ai l’impression de ne pas vivre mon concert à fond. Je suis mal placée, mais j’essaie aussi d’inspirer les autres. Je poste des citations chaque soir : sur le sexisme ou le dénigrement ou sur les couples, et des citations mignonnes pour rendre heureux les gens qui regardent ma story.
Tha, 17 ans, lycéenne, Le Bourget
Crédit photo Unsplash // CC Ben Weber