Millie C. 20/07/2018

Trois ans après le décès de mon père, j’ai pu faire mon deuil

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J'avais 16 ans quand mon père est décédé. Au lycée, je n'ai rien voulu montrer de ma douleur. Il aura fallu attendre trois ans pour que je me confie... et puisse commencer à faire mon deuil.

Il y a trois ans, j’ai perdu mon père. J’avais 16 ans. La période de deuil qui a suivi a été la pire de ma vie. Il était malade, mais je n’étais pas préparée à cette perte.

Suite à cet événement, j’ai raté l’école pendant un mois environ. Je n’avais pas la force d’y aller, je ne voyais pas l’intérêt. J’avais perdu mon père, rien d’autre ne comptait. C’était atroce et j’étais triste, terriblement. J’ai pleuré beaucoup, mais seulement le soir, dans ma chambre, quand j’étais toute seule. Je n’arrivais pas à parler de mon chagrin et de ce vide que je ressentais en moi, c’était impossible, ça ne voulait pas sortir et pourtant, j’avais plein de choses à exprimer.

Dans ma famille, personne n’en parlait, mais bien entendu, il nous manquait à tous. Je ressentais la douleur de mon frère et le deuil de ma soeur. Elle était présente en chacun de nous !

Quand je suis retournée au lycée, évidemment, tout le monde savait. Les gens de ma classe ainsi que mes professeurs m’avaient même envoyé un mot de soutien. C’était bienveillant de leur part, mais de retour au lycée je ressentais leur compassion et je n’en voulais pas ! Moi, je voulais juste faire croire que rien n’était arrivé, que rien n’avait tragiquement bouleversé ma vie.

Alors, j’ai souri tous les jours. À chaque fois que je passais le portail du lycée et tout au long de la journée, je faisais comme si j’allais bien. Et les gens m’ont crue. Je me souviens même très bien des paroles de ma prof d’histoire : « Ça fait du bien de vous voir souriante tous les jours. » Elle n’avait rien compris. Le soir, quand je rentrais chez moi, je pleurais de douleur, j’avais des crises d’angoisse aussi parfois. Je me réveillais en pleine nuit et je réalisais qu’il n’étais plus là. C’était horrible, j’avais envie de crier. Et le lendemain, je faisais comme si de rien n’était alors que j’étais moralement épuisée.

Le jour où j’ai réussi à en parler

En entrant à l’université, j’ai continué à porter ce masque pour cacher ma douleur et c’était encore plus facile parce que les gens ne connaissaient pas mon passé, alors je n’en parlais pas ! En novembre 2017, j’ai commencé un service civique, c’était un nouveau départ pour moi sur le plan personnel. Le premier jour de la semaine d’intégration, notre coordinatrice nous a demandé de dessiner trois moments marquants de notre vie et de les expliquer aux autres membres de l’équipe. Évidemment, le premier qui m’est venu à l’esprit a été décès de mon papa, mais je n’ai pas réussi à en parler !

Marine, c’est sa famille qui ne lui en a pas parlé. Pour la protéger. Elle avait 18 ans… « Trop jeune pour affronter la mort de mon père« .

Et puis un jour, il y a eu cette discussion dans le métro avec deux filles de mon équipe et l’une d’elle m’a demandé pourquoi je ne parlais jamais de mon père, alors je leur ai tout dit. Ça n’a pas été facile, mais je l’ai fait et ça m’a fait du bien, c’était libérateur d’en parler.

Ce soir là, en rentrant chez moi, j’ai eu comme un déclic et j’ai compris que je pouvais commencer mon deuil. C’était le bon moment. Et ça, c’est grâce au service civique parce que si je n’avais pas rencontré ce groupe formidable aujourd’hui je ne serais sûrement pas en train de parler de mon père dans ce texte.

 

Millie, 19 ans, volontaire en service civique, Avon (77)

Crédit photo Adobe Stock // © pemaphoto

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3 réactions

  1. J’ai une bonne et une mauvaise nouvelle :

    La mauvaise nouvelle c’est qu’on ne sera plus pareil, détruit à jamais.

    On a perdu notre père et personne ne pourra le remplacer… à jamais.

    La bonne nouvelle, si vous acceptez ça, si vous acceptez cette souffrance alors en le retrouvant dans vos souvenirs vous vous souviendrez de l’amour qu’il vous a donné, de la joie qu’il vous a procuré.

    On ne peut pas échapper à la souffrance, sinon on se prive soi-même. Vous vous privez de tous les souvenirs de lui. Absolument tous.

    Acceptez la souffrance, acceptez-la et c’est la seule façon de le garder en nous.

    Je vous aime.

  2. J ai perdu mon père mon héros et je ne m en remet pas j ai prier dieu mais rien je suis si triste je n sais pas comment je vais m en remettre

  3. La mort de mon père m’a fait découvrir que nous sommes des passagers sur cette terre..le 13/07/2017. Mon père était mon… j’étais pas là,quand suis rentré au village ou mon père etait mort,je trouvais mon père au lit entouré de gens qui pleuraient..j’ai voulu me tuer…je ne voulais pas que mon père puisse mourir sans qu’il voit mon fils ou ma fille..c’était ma prière de chaque jour.. Mais Dieu n’a pas exaucé ma prière…

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