Matisse C. 24/10/2022

4/5 Fils de boxeur : bouches fermées et poings serrés

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Matisse commence la boxe à 6 ans, entraîné par son père. Le seul moyen pour eux de communiquer. Un moyen pour lui de s’affirmer.

Peut-être qu’un jour, j’arriverais à qualifier plus précisément cette relation entre mon père et moi, et ce que la boxe vient faire là-dedans. Mais la chose dont je suis sûr, c’est que ce sport m’a beaucoup aidé à me construire. Ça m’a forgé un mental.

À mes 6 ans, j’ai commencé la boxe avec mon père pour apprendre à me défendre. Enfin, c’est surtout lui qui voulait que j’enfile des gants.

Armé pour me défendre

Au début, je n’étais pas trop d’accord. Mais j’ai vite changé d’avis quand je me suis fait étrangler par un élève de mon école. Il s’appelait Dylan. Il avait fait ça pour impressionner ses camarades. Sur le moment, je me suis laissé faire car je n’osais pas frapper.

Je me suis donc résolu à faire de la boxe avec mon père, mais je ne m’attendais pas à rentrer dans le bain direct. Il m’apprenait déjà à faire des low-kicks, des jabs, des crochets, des uppercuts. De la boxe anglaise quoi.

J’espérais que ça améliorerait nos rapports. Car, avant ça, notre relation n’était pas terrible.

Ça ne s’est pas passé comme prévu. J’avais l’impression que mon père était plus « violent » avec moi dans la vie de tous les jours. Quand je rentrais, il me disait : « Salut sale con. » Quand il était énervé, c’était souvent un : « Tu sers vraiment à rien. » Aujourd’hui encore, quand je rentre avec une bonne note à la maison, il s’en fiche. Il me rabaisse chaque jour.

La violence, c’est son seul langage

Il n’y a pas qu’avec moi que c’est difficile. Entre mon père et ma mère, c’est tous les jours des engueulades. Ils se crient dessus pour des histoires bêtes, du genre qui doit aller faire les courses. C’étaient des disputes normales au début. Le problème, c’est l’ampleur que ça peut prendre. Parfois, pour une simple baguette de pain. Comme si sa vie en dépendait.

La famille du côté de ma mère ne voulait pas que je prenne le même chemin que lui avec la boxe.

Le père de mon père l’a abandonné dans un camp militaire alors qu’il n’avait que 5 ans. Il a laissé tombé l’uniforme vers ses 30 ans pour gagner sa vie. Son gagne-pain, c’était les combats de boxe illégaux. Il a appris comme ça. J’aimerais en savoir plus, mais on ne se parle presque jamais. On se parle qu’avec des coups, ou presque.

Mes journées rythmées par la boxe

Avec l’âge, mes entraînements sont devenus de plus en plus difficiles et de plus en plus longs. J’ai commencé l’internat cette année mais, avant, chaque journée se résumait à : me lever, aller travailler, rentrer, m’entraîner de 20 heures à 21h30, voire même plus, et dormir.

SÉRIE 5/5 – Les parents de Sarah sont artistes. À force de vouloir lui transmettre leur culture artistique, ils l’ont surtout dégoûtée de la peinture.

Image d'illustration du texte. Une jeune femme est accoudée sur une table. Son visage est triste. Sur la table on aperçoit des dessins, des feutres, une paire de ciseaux, des tissus. Derrière elle, il y a un tableau. Dessus, on voit une femme aux longs cheveux noirs les mains derrière la tête. Il y a un homme à coté d'elle qui se cache sa tête dans ses mains. Derrière la table sur laquelle la jeune femme est accoudée, il y a un mannequin avec un vêtement en cours de création. A gauche de l'illustration, on voit un bras tendus vers le bas avec un fil de couture dans la main. Le bras porte un long gant mitaine à carreaux transparent. Des cheveux dépassent avec le bras.

Je m’entraîne chez moi. On a un garage qui nous sert de salle d’entraînement. Il y a un sac de frappe, une barre de traction, un vélo de maison, une poutre qu’on a entourée de tatamis pour faire un genre de deuxième sac de frappe. C’est plus difficile de suivre les entraînements avec l’internat, mais je continue à faire de la boxe. Je n’ai pas envie d’arrêter.

Matisse, 15 ans, lycéen, Lyon

Illustration © Merieme Mesfioui (@durga.maya)

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