Marie E. 24/02/2022

4/4 Au lycée agricole, loin des clichés qu’on nous colle

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Marie a longtemps été critiquée car ses parents sont agriculteurs·trices. Aujourd'hui, elle s'épanouit enfin en lycée agricole.

Fille d’agriculteurs, j’ai été élevée dans une ferme céréalière. Depuis toute petite, j’ai toujours vu mes parents faire un travail varié, rythmé par les saisons. Mon goût pour la nature, l’observation des plantes et des animaux sauvages m’ont amenée à choisir une formation me destinant à vivre dans ce cadre. Avant de me retrouver en lycée agricole, j’ai dû, comme tout le monde, aller à l’école primaire et au collège, dans mon petit village et dans celui qui se trouve à quinze minutes de bus.

Mes intérêts différents et ma situation atypique ne m’ont pas toujours aidée dans mes relations avec les autres. Les réflexions sur le métier de mes parents agriculteurs, sur le fait qu’ils ne pratiquent pas le bio et que ma maison est plus grande que la majorité des autres, me mettaient complètement à l’écart.

Préjugés sur les agriculteurs

Ces préjugés viennent surtout d’une incompréhension du milieu agricole, de la part des enfants et des professeurs. J’étais totalement isolée, renfermée sur moi-même. Par exemple, quand j’étais en CM2, mon père est passé à côté de l’école en tracteur pour aller traiter un champ. On faisait du sport et ça a attiré l’attention du prof. Il nous a ordonné de rentrer en classe et a ajouté : « Vous direz merci à Marie. » Alors qu’il n’y avait aucun danger !

Cette solitude, amplifiée par l’effet de groupe et l’influence des profs était très dure à vivre au quotidien. Je n’étais heureuse que le soir, en rentrant chez moi. J’y retrouvais tout ce que j’aimais : mes animaux, par exemple, qui eux ne me jugeaient pas et comblaient cette solitude. Ma famille me rassurait et me réconfortait. La forêt qui entoure ma maison me faisait me sentir moi-même. Mes parents m’apprenaient chaque jour de nouvelles choses sur leur travail.

Dans mon lycée agricole, on partage la même passion

Maintenant, dans mon lycée agricole, je rencontre des gens qui ont les mêmes goûts que moi. En effet, nous avons une passion commune pour les outils agricoles, les plantes, les animaux, et l’envie de découvrir de nouvelles choses.

Série 1/4 – Fils d’agriculteur et fier de l’être, Arthur veut rétablir la vérité autour de ce métier si souvent critiqué.

Cinq jeunes sont assis dans l'herbe. Les couleurs sont pastel, elles vont du rose clair au bleu-violet. Au premier plan, on voit deux carrés qui illustrent l'agriculture. Dans celle de gauche, un agriculteur est avec son bétail. Dans celle de droite, un agriculteur utilise du pesticide. Autour de lui, on retrouve une pelle et une fourche.

Je me sens à l’aise car, ici, les professeurs respectent vraiment le milieu agricole. Ils ne jugent pas le métier de mes parents, ni le fait qu’ils ne pratiquent pas le bio. Pour l’instant, mon objectif est de devenir auxiliaire spécialisée vétérinaire (assistante vétérinaire), pour être au contact des animaux et les aider.

Marie, 16 ans, lycéenne, Seine-et-Marne

Illustration © Merieme Mesfioui (@durga.maya)

 

L’agriculture en pleine transformation

Une profession qui se meurt

Dans moins de dix ans, la moitié des agriculteurs·trices partiront à la retraite. Un départ sur trois seulement sera remplacé. Il y a quatre fois moins d’agriculteurs·trices qu’il y a quarante ans, et 100 000 exploitations agricoles ont disparu depuis 2010. En cause, la pénibilité, les infrastructures trop chères, les salaires trop faibles, mais aussi le changement climatique et ses conséquences…

Objectif, attirer les jeunes 

Le ministère de l’Agriculture mise tout sur les jeunes. Via sa campagne « Entrepreneurs du vivant », il sponsorise des influenceurs·euses pour dépoussiérer l’image de ces métiers : Amixem passe une journée à la ferme et Juste Zoé plante un potager. Un tournoi sur le jeu Farming Simulator a même été organisé en décembre sur Twitch.

Féminisme agricole

À l’heure où la profession se féminise, les agricultrices sont de plus en plus nombreuses à lutter pour une meilleure reconnaissance et les mêmes droits que les hommes, longtemps considérés comme seuls chefs des exploitations. « [Elles] ont longtemps été des travailleuses invisibles, absentes des statistiques ; elles ne travaillaient pas, elles aidaient leurs maris », reconnaît un rapport du Sénat en 2017.

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