Cyprien J. 25/11/2021

1/2 Les soirées, c’était mieux avant (le Covid)

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Depuis la pandémie, Cyprien n’arrive plus à retrouver l’euphorie d’avant et s’est lassé des soirées entre ami·es.

Le Covid semble avoir presque disparu de nos quotidiens de vingtenaires. Seuls les masques nous rappellent le terrible contexte de pandémie mondiale que nous traversons. J’entends partout que les gens se ruent dans les bars et les boîtes, se réunissent en soirée et purgent leur manque de fêtes dont ils ont été sevrés pendant un an. Pourtant, je crois que mes potes et moi n’avons pas reçu le message.

Je n’ai jamais vraiment su si je suis d’un naturel sociable ou solitaire. Un jour avec, un jour sans. Parfois, je me complais dans mon spleen nocturne, seul dans mon dix-sept mètres carrés. D’autres fois, j’ai juste envie que quelqu’un vienne me sortir de ma flemme quotidienne, que l’on me force à sortir, à danser, à m’égosiller gaiement. Les confinements successifs ont changé tout cela. Il ne reste pratiquement que les jours sans.

J’ai perdu le sens de la fête

Comme si l’on s’était habitué à ne plus faire de soirées, comme s’il fallait reprendre le rythme pré-Covid. Cette pandémie nous a tous éloignés, créant parfois des fossés définitifs entre les gens. J’ai le triste sentiment d’avoir définitivement perdu des compagnons de route, des potes que je connaissais depuis peu, avec qui le lien ne s’est pas renoué depuis la fin des couvre-feux.

J’ai l’impression d’avoir perdu le sens de la rencontre nocturne, du flirt, du « ami-ami », des regards complices et des démonstrations de joie. Ces choses qui me paraissaient si instinctives et naturelles il y a quelques mois sont maintenant maladroites, comme s’il fallait réapprendre. On dirait un pouvoir qu’il faut entretenir. Un pouvoir qui aurait été laissé à l’abandon trop longtemps.

Avant tout ça, l’alcool coulait à flot, les musiques que tout le monde connaît me suffisaient. On pouvait chercher pendant des heures un bar proposant des pintes à trois euros, parler de ciné encore et encore. Une vie étudiante normale.

Je suis incapable de me comporter comme avant

Durant les confinements, je rêvais de retrouver ces fêtes auxquelles j’ai perdu goût aujourd’hui. Je pensais que tout rentrerait dans l’ordre rapidement, comme si ce n’était qu’une mauvaise parenthèse. Mais l’inconscient a pris le dessus, comme si cet éloignement forcé avait provoqué chez moi une sorte de mini-phobie sociale, ou en tout cas une incapacité à me comporter comme avant. Je passe alors mes nuits seul dans mon petit appartement étudiant parisien, à faire de la musique sans grande conviction, regarder des films, actualiser mon Youtube encore et encore. Ça peut paraître agréable comme soirées, sauf que tout est désolément répétitif et inhéremment nostalgique.

Je suis sans doute trop attentiste, je devrais prendre moi-même l’initiative de proposer des activités nocturnes, des soirées. Je crois que ce n’est tout simplement pas dans ma nature, je n’ai jamais été celui qui réunit les gens autour d’un verre dans un groupe d’amis : je suis un suiveur. Sans aucun sens péjoratif, car ça me va très bien. Il est difficile de changer ses habitudes, sa façon de fonctionner.

Sans soirées dans mon appart enfumé

J’aimerai que mes potes me proposent des soirées, des activités à faire lorsque le soleil se couche, comme avant. Chaque nuit, je refais ma vie, je remplis mon cendrier de mégots écrasés et mes poumons de fumées nocives. Qui dit manque, dit tentative de compensation. Je me suis mis à la clope pendant le premier confinement pour pallier l’absence de potes. La nicotine remplaçait les discussions nocturnes, et ça m’allait bien.

Après le confinement, toujours pas de soirées. J’ai donc commencé à acheter des boulettes de shit. Je cherchais une euphorie, celle d’un groupe dans lequel on est à l’aise, mais que je réussirais à recréer artificiellement, seul dans mon appart enfumé. Ça a marché un temps, mais la dépendance reprend vite le dessus. On en veut plus, toujours plus, le cercle vicieux se refermait sur moi.

Il a fallu que je crée moi-même le déclic, qui me permettrait de renouer avec une vie sociale qui me manque. Depuis peu, j’organise des soirées dans mon appart : de la bonne musique, des amis, de la bière, des discussions sur tout et rien, il m’en faut peu. Rallier ses proches dans son espace de vie est particulièrement rassurant. Le lieu d’une soirée est en partie ce qui met à l’aise, être en confiance passe aussi par là. C’est une alternative à la sortie dans un bar ou une boîte qui me met bien plus à l’aise pour l’instant. Ça me permet d’éviter les angoissantes rencontres d’un soir et de décider par moi-même quoi faire de ma nuit.

Il est évidemment plus simple de pencher vers la facilité, d’attendre que l’on me propose des choses, mais ce n’est pas comme ça que tout avancera. Mon épanouissement passe par là, mon retour à la normale post-Covid se doit d’être soutenu par mes propres efforts. Ce spleen nocturne se dissipe alors peu à peu, laissant place à des nuits bien plus joyeuses.

Cyprien, 21 ans, étudiant, Paris

Crédit photo : Unsplash // Christopher Campbell

 

Cigarettes, alcool et confinements

Moins d’alcool

En 2020, année qui a marqué le début de l’épidémie de Covid-19, près d’un quart des Français·es ont diminué leur consommation d’alcool. Avec les confinements, les couvre-feux et la fermeture des bars et restaurants, 24 % déclarent avoir réduit leur consommation.

Plus de cigarettes

Un quart des fumeurs et fumeuses ont augmenté leur consommation de cigarettes pendant le premier confinement, une hausse qui s’explique notamment par le recours au télétravail et la possibilité de fumer à domicile. 94 % d’entre elles et eux ont fumé en moyenne cinq cigarettes de plus par jour.

La santé mentale des plus jeunes en péril

En 2020, 20 % des 15–24 ans présentaient un syndrome dépressif. Ils étaient 10 % en 2019, soit deux fois moins, avant la pandémie et les confinements successifs. La pandémie a également provoqué une hausse des troubles anxieux et des phobies sociales.

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