Nithish T. 03/04/2023

2/2 Ma culture franco-tamoule, ma richesse

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Nithish apprend le tamil, la langue du pays de ses parents, le Sri Lanka. Sa double culture, il commence à en être fier.

Je me sens constamment gêné lorsque qu’un ami vient chez moi et qu’il remarque le décor. Il y a toujours une remarque du style : « Hey ! T’as plein de statues ! » Et moi, je dis : « Ouais, c’est mes parents qui les ont ramenées du pays. » 

Certaines viennent du fin fond des montagnes : elles représentent des dieux de la religion hindouiste, elles se caractérisent par leurs couleurs dorées et pigments rouges, jaunes, en plus d’une épaisseur très importante. Elles sont de différentes tailles, petites, moyennes et quelques-unes plus grandes. Ça n’aurait tenu qu’à moi, je les aurais déjà vendues et je serais devenu millionnaire !

Il y a aussi la question de la nourriture. Lorsque je mange du curry et que j’arrive à l’école, mes potes ont l’humour le plus gras : « Ça va Conan ? T’as mangé du tandoori ! » Je trouve ça nul.

De un, je ne sais même pas c’est quoi le tandoori, et de deux, ce n’est pas drôle. Chez moi, on mange du biryani, une des spécialités de mon pays dans laquelle il y a plusieurs arômes et des mélanges d’épices. Chez moi, ça ne sent pas la rose, mais plutôt le tamarin et le basilic.

Un alphabet avec 247 signes

Mais le pire, c’est la question de la langue. Je fais partie d’une association qui propose des activités liées à la culture du Sri Lanka : la danse, la langue et les instruments de musique. Avec eux, j’apprends la langue de mes parents, le tamil, mais aussi l’anglais car le Sri Lanka a été une colonie anglaise. Pour l’anglais, je dois suivre huit années de cours et, pour le tamil, douze. Je terminerai ces cours à 22 ans !

Le tamil possède un alphabet cyrillique avec 247 signes différents ! Dans l’écriture française, il n’y a presque pas de points, alors que pour le tamil, il en existe une centaine. Tout ça, je l’apprends en plus de l’école, parce que chez moi, on parle tamil.

Chaque année, il y a un examen. Ma maison est remplie de mes certificats et de mes livres de langues. L’anglais, je comprends, mais le tamil, je le fais surtout pour mes parents. Je n’ai jamais été au Sri Lanka.

Ma double culture, faut l’assumer

J’ai toujours été bloqué entre deux sentiments dans ma vie, à l’école et à la maison. Par exemple, je me souviens d’un jour, il y avait un match de foot entre le Liban et le Sri Lanka. J’étais dans cette incertitude : « Est-ce que je suis pour le Liban ou pour le Sri Lanka ? » J’ai eu envie de faire comme mes potes et je me suis dit : « Je suis pour le Liban ! » Mais, à l’arrivée à l’école, mes potes m’ont dit : « Hé Conan ! Aujourd’hui on va écraser ton pays ! » Là, je me suis énervé et j’ai changé d’avis : « Non, cette fois je suis pour le Sri Lanka ! »

Au final, le Sri Lanka a perdu 3 - 2. Même si j’ai eu quelques moqueries, j’étais satisfait d’avoir soutenu mon pays. Si on devait me demander « si la France est en guerre contre le Sri Lanka, t’es pour qui ? », je répondrai : « Je me casse et je vais faire mes cours en Amérique. » Comment voulez que je réponde à cette question ?

Mais je sais que, quelque part, c’est une chance d’avoir une double culture. C’est l’avis de Kevin Tran, un youtubeur et vidéaste français d’origine sino-vietnamien qui a fait une vidéo sur ce sujet. Il m’a aidé durant plusieurs années à mieux vivre avec ma double identité, à accepter mes origines et à les assumer dans mon pays, la France.

Nithish, 14 ans, collégien, Villiers-le-Bel 

Crédit photo Pexels // CC Suren Ram

 

 

Vivre avec une double culture : avoir une double identité ?

À écouter :

L’atay, ça veut dire « thé » en arabe, et c’est aussi le nom d’un podcast drôle et détendu, créé par une bande de potes, toutes et tous descendant·es d’immigré·es maghrébin·es.

Dans l’épisode 5, elles et ils discutent de cette double vie, de ce sentiment d’être Dr Jekill et Mr Hyde quand on grandit avec une double culture.

L’Atay, un podcast Maghreb avec la nationalité française.

 

À regarder :

Tu supportes quelle équipe quand il y a un match de foot entre tes deux pays ? À l’école, ça a été compliqué ?

Le média suisse pour les 15-25 ans Tataki a réuni huit jeunes pour leur poser plein de questions sur leur double culture.

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2 réactions

  1. Bonjour Mme Julie Szuml un honneur de savoir que mon texte sera publié et oui il s’agit bien de mon article et de mon commentaire. Et encore merci pour avoir publié mon texte.
    Bonne journée et Cordialement Nithish Thevakumar.

  2. Bonjour j’étais un stagiaire du nom de Nithish Thevakumar sous le pseudonyme Conan qui est écrit cet article et je souhaiterais changer mon pseudo en mon nom. Est-ce que ce serai possible ?

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