Rania B. 19/01/2022

2/2 Le bac en pression continue

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Rania est débordée par la masse de travail et d’activités qu’elle doit assumer pour avoir le meilleur dossier possible.

Au début, quand on m’a dit que 40 % du bac serait en contrôle continu en première et que le reste ce serait l’épreuve du bac en terminale, je me suis dit : « Cool, j’aurai plus de chances, moins de pression, et ça m’évitera de rater totalement mon bac à cause du stress. » FAKE.

Depuis que j’ai commencé le lycée, je ne fais que stresser ! J’ai eu des ulcères, ça me faisait comme des aiguilles dans le ventre. Je ne savais pas que le stress pouvait faire ça. Toute la journée, on nous dit : « Toutes vos appréciations comptent pour Parcoursup » « Il faut continuer le programme même si on a ne l’a pas fini l’année dernière. » Dans tous les cours, les profs nous disent : « N’oubliez pas que toutes vos notes comptent. » Bon, bah je ne risque pas !

Je n’ai pas le temps de manger

Depuis la réforme du bac qui a supprimé les anciennes filières (L, ES, S), toutes les classes sont mélangées dans toutes les spécialités. Dans une matière par exemple, il peut y avoir trois classes différentes. Alors nos emplois du temps ne sont pas terribles, voire merdiques. Genre le vendredi, j’ai cours de 8 h 30 à 19 heures, le mercredi je finis à 16 heures, le reste de la semaine entre 17 et 18 heures. Parfois, je n’ai pas le temps de manger à cause de l’énorme queue de la cantine où on met trente minutes à passer. Par exemple, le jeudi, je finis à 12 h 30 et je reprends à 13 heures. Du coup, je dois ramener un sandwich… alors que je paie la cantine.

En vrai, ça ne me gênerait pas si je n’avais pas des devoirs demandant un temps de travail personnel assez important. À cause des DM de recherche d’HGGSP (histoire-géographie, géopolitique et sciences politiques), il m’arrivait de m’endormir à 2 heures du matin ! Je sais que ce n’est pas la faute de nos professeurs, et qu’ils n’y peuvent rien si l’Éducation nationale refuse d’aménager les programmes. Mais je pense quand même qu’il faudrait essayer de doser, au moins sur la quantité de travail à faire à la maison. Sérieusement… Sachant que tout est noté à cause du contrôle continu !

Du coup, tu ne fais plus rien pour apprendre, tu fais tout pour avoir une bonne note. On ne peut pas faire des travaux de groupe car on n’a pas le même emploi du temps. En option cinéma, j’ai un court-métrage à rendre depuis deux semaines sauf qu’on n’arrive pas à se joindre avec ma pote. On a décidé de se mettre qu’à deux, mais c’est toujours aussi compliqué. Elle est en STMG, moi en général, et on a des emplois du temps complètement différents. Quand moi j’ai cours, elle a perm’ et inversement… On ne va pas se retrouver à 20 heures quand même !

Comment faire avec 13 de moyenne ?

Je fais option cinéma, grec ancien, du théâtre, un atelier sciences po, et je suis un cours de tutorat le samedi matin. Je vois déjà les remarques du genre : « Oui, mais si tu fais autant de trucs, bah c’est normal si tu croules sur les devoirs, ne viens pas te plaindre après ! », et puis ci et puis ça. Bon, premièrement, je fais ces activités par envie, parce que ce sont des trucs supers. Mais aussi, et surtout, pour remplir mon dossier et avoir une chance d’entrer dans l’école qui m’intéresse le plus. C’est le seul moyen que j’ai trouvé pour viser une école de journalisme ou, si j’y arrive, Sciences Po.

Je fais tout ça parce que quand tu vois des personnes ayant 18 de moyenne échouer pour entrer dans l’école de leur choix avec Parcoursup, tu te poses des questions. Comment je vais faire, moi qui galère à avoir 13 de moyenne ? Avec toutes ces activités, je suis occupée du lundi 8 heures au samedi après 18 heures, et je fais mes devoirs pendant mes pauses, le dimanche et le soir après les cours. Je rencontre plein de gens pendant ces activités, mais en dehors je n’ai pas le temps de les voir. Et sinon… je n’ai pas de vie sociale. Les seuls moments où je pourrais en avoir une, je suis en train de faire mes devoirs.

Rania, 17 ans, lycéenne, Montreuil

Crédit photo Pexels // CC Mikhail Nilov

Dans le dédale de Parcoursup

Critères à géométrie variable

Les établissements évaluent les dossiers selon leurs propres critères : excellence des notes, appréciations des enseignant·e·s, projet professionnel, activités extrascolaires… Cette sélection explique la pression que ressentent les étudiant·e·s : pour avoir plus de chances d’être retenu·e·s dans une formation, ils et elles doivent donner leur maximum dans tous les domaines.

Parcoursup, une plateforme jugée « stressante » et « injuste »

Selon un sondage Ipsos publié en septembre dernier, 61 % des lycéen·e·s jugent la plateforme injuste et estiment qu’elle ne traite pas tous les candidat·e·s de la même manière. 82 % d’entre elles et elles jugent également la plateforme « stressante », et 30 % se disent insatisfaits des réponses obtenues de la part des formations via Parcoursup.

SOS Inscription

L’année dernière, suite à la phase d’admission principale, 91 000 candidat·e·s n’avaient pas d’offre d’affectation sur Parcoursup. Face aux difficultés d’accès à l’enseignement supérieur, le dispositif SOS Inscription, créé notamment par le syndicat étudiant UNEF (Union nationale des étudiants de France, permet à ces jeunes d’être accompagné·e·s dans leurs démarches. Si vous souhaitez être conseillé·e, il est possible de les contacter sur leurs réseaux.

 

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