Inès C. 20/10/2021

1/2 « Il y a des ballons pour les garçons, des cordes à sauter pour les filles »

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Inès en a assez des stéréotypes sur les filles qui devraient faire tel ou tel sport. Ils ne l'empêcheront pas d'être footballeuse et athlète.

Ça fait maintenant trois ans que je pratique l’athlétisme, et environ six ans le foot avec ma cousine. Je suis assez douée, mais ma tante s’en plaint : « C’est dommage que tu fasses ce sport-là, il y en a tellement qui sont plus intéressants et ludiques. » On m’a même proposé de faire de la danse ou de la gymnastique, je ne comprenais pas pourquoi. La gymnastique serait plus « appropriée » que le foot ? J’ai vite compris quels étaient les « sports pour filles » et les « sports pour garçons ».

Le sport me permet de me dépenser, sinon je suis beaucoup trop excitée ou, au contraire, épuisée. Mais étant une fille pratiquant des « sports pour garçons », comme le foot ou l’athlétisme, certains font des remarques sexistes ou inappropriées. Même les filles en font : « Est-ce que tu le fais pour le plaisir ? » Il y en a même qui me disent : « T’es un garçon manqué ? » Ce genre de remarques me fait rire, ça ne me dérange pas plus que ça. Mais, depuis mon plus jeune âge, je suis jugée.

Personne ne me fera changer d’avis

Je voulais faire de la boxe, mais ma mère avait peur pour moi : « Tu vas te casser le nez, c’est un sport dangereux. » Je l’ai crue, mais maintenant, je regrette fortement. Si tu aimes jouer au foot et que tu es une fille, tu es forcément bizarre, et si tu es un garçon et que tu fais de la gymnastique, tu es gay.

Sarah Ourahmoune est la championne de boxe la plus médaillée de France. Mais, selon elle, son plus grand combat a été de faire sa place dans un milieu d’hommes. Elle explique à Brut :

Je pense que les personnes qui jugent réfléchissent toutes avec les stéréotypes qui sont installés depuis des années, donc on ne peut pas leur en vouloir ! Mais si j’aime jouer au foot, personne ne va me faire changer d’avis.

On entend souvent ce stéréotype aussi : « T’es grave nulle toi, pourquoi tu fais du sport ? » Ces stéréotypes viennent aussi du gabarit. C’est vrai que les hommes sont plus imposants, mais ça ne veut rien dire.

On nous testait, comme des débutantes

Par exemple, un jour, dans mon club d’athlétisme, des garçons nous testaient, ma cousine et moi, comme si on était des débutantes. On a commencé à chronométrer et je les ai dépassés. Je ne me suis pas vantée, mais mon entraîneur a bien rigolé sur eux.

Autre exemple : je joue au foot qu’avec des garçons, car les filles « n’aiment pas ». On a l’habitude de jouer avec eux donc il n’y a pas de problème, on s’amuse. Mais il y a eu un match où ce n’était pas pareil : on était mal à l’aise (sans raison) et personne ne nous voulait dans son équipe. On ne nous faisait jamais la passe.

Mais au fil du temps, ils ont trouvé qu’on n’était pas si nulles. Certaines personnes ne pourront jamais s’adapter. Elles ont trop été habituées à ce genre de stéréotypes, ils sont ancrés depuis des générations. Rien qu’à l’école, les professeurs disent cette fameuse phrase : « Il y a des ballons si les garçons vous voulez jouer au foot, et des cordes à sauter pour les filles. » Quand j’entendais ça, je pensais que le foot, ce n’était que pour les garçons. Alors que si les profs arrêtaient de proposer des choix pour filles et pour garçons, les enfants auraient plus de choix : ils ne seraient pas enfermés dans des boîtes.

La société est perdue

Ces sports m’ont toujours intéressée, surtout le foot. J’ai tout de suite compris que c’était fait pour moi. Je n’ai pas vraiment de modèle. Seulement, j’admire les footballeuses qui luttent contre l’inégalité de salaire dans le foot.

Sur YouTube, j’ai vu une expérience sociale qui montre vraiment de quoi je parle. Deux hommes (complices) partent voir un groupe d’amis (piégés) en leur proposant de faire des figures avec un ballon. Souvent, ils n’étaient pas très doués. Puis, tout d’un coup, une femme avec des talons et une jupe arrive pour leur demander d’essayer (complice). Les amis se regardent avec un sourire, comme si la femme allait rater.

Avec étonnement, elle était tellement plus forte que tout le monde. Une foule s’est constituée autour d’eux. La vidéo était drôle, car l’expression sur leur visage avait totalement changé !

Inès, 14 ans, collégienne, Vaulx-en-Velin

Crédit photo Unsplash // CC Jeffrey F Lin

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