Romain T. 17/10/2024

2/2 Subir les coups

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Romain passe une partie de son temps dans un foyer de l’enfance. Depuis une agression, il appréhende de quitter l’internat de son lycée pour y séjourner.

C’était un soir comme les autres au foyer de l’enfance. Jusqu’à mon agression. Nous avions tous fini de manger et je m’étais installé tranquillement dans ma chambre individuelle sans fermer ma porte à clé. Denis, un autre jeune du foyer, s’est mis à courir en direction de ma chambre. Il est rentré sans trop de difficultés. Il avait l’air à moitié inconscient et drogué, sûrement à cause du shit qu’il avait consommé. Il a commencé à tout fouiller. Il a ouvert tous les placards et les armoires. Il n’était pas vraiment conscient. Je pense qu’il voulait juste s’amuser, sauf qu’il est parti trop loin.

Il a vu une ceinture. Il l’a pliée en deux et a commencé à me frapper avec. Il ne parlait pas. Il m’a demandé si j’avais mal ou pas. J’ai répondu que non. Je pense que je n’ai pas eu le courage de dire oui. J’avais peur des conséquences. Du coup, il a continué. 

Sophia, une très bonne amie du foyer, est arrivée. Elle avait entendu du bruit. Denis a commencé à la frapper, elle aussi. Elle a essayé de l’arrêter, mais il ne s’est pas calmé tout de suite. Il a mis trois gifles à Sophia puis deux à moi. J’ai réussi à partir loin de ma chambre pour ne pas me reprendre de coups et me mettre en sécurité. 

Malheureusement, j’ai laissé mon amie seule avec Denis et un autre gars qui est arrivé quand je suis parti. Ils lui auraient fait des gestes déplacés, comme mimer de baiser avec elle et lui mettre une main aux fesses. Pour moi, c’est une tentative de viol !

Direction la prison pour mineurs

Denis a essayé de faire la même chose à Lina, une autre fille chez qui je m’étais réfugié. Elle a réussi à bien se défendre. Ensuite, nous sommes allés voir les éducs pour les informer de la situation de A à Z. Ils m’ont directement proposé d’aller porter plainte. Ce que j’ai fait. Je crois que Denis a été mis en prison pour mineurs. 

Je m’en veux toujours de ne pas avoir fermé cette porte. Si je l’avais fermée, peut-être que rien de tout cela ne serait arrivé. Cette soirée restera gravée dans ma mémoire pour toujours. Je suis traumatisé et mon amie Sophia aussi.  

Depuis cet événement, c’est dur d’aller au foyer. Je suis quelqu’un de stressé et là, j’ai peur qu’une situation à peu près pareille, ou pire, se reproduise. Donc j’essaie de m’éloigner. La semaine, je vais à l’internat du lycée. Pendant les week-ends, j’ai le droit à une sortie pour aller voir mes amis. J’ai du mal à leur parler de cet événement pour l’instant.

Un foyer, c’est un endroit où l’on est placé lorsque nous rencontrons un ou plusieurs problèmes graves. C’est un endroit où l’on est censé être protégé. Selon moi, c’est tout le contraire qui se passe. 

Romain, 15 ans, lycéen, Loire

Crédit photo Unsplash // CC Komorebi Photo 

 

Slash Dans la violence des foyers de l’enfance, récit 1/2 : Imposer la violence 

À 15 ans, Laura a été placée dans un foyer. Elle a rejoint le groupe de pensionnaires qui faisaient régner la terreur. Jusqu’à ce qu’une plainte ne l’arrête.

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