À nous de nous dresser contre la peur
Je ne suis pas Charlie, non, je suis Marie-Amélie.
Je ne l’ai même jamais acheté ce journal. Je n’ai pas eu cette culture pointue de la caricature. Et c’est peut-être pour ça qu’aujourd’hui s’est immiscé entre mon cœur et ma raison, ce souffle glacial de la peur.
Bien sûr que je les connaissais ces dessins irrévérencieux, ils flottaient, comme les noms de Cabu, Charb et Wolinski, au milieu d’autres références culturelles dans mon esprit. Sans y prêter attention, ils étaient là, en toile de fond. Bernard Maris quant à lui était plus réel, plus présent. France inter étant depuis des années la radio qui m’accompagne au quotidien.
Et après tout, qu’importe. Des insensés ont abattu des hommes à cause de leurs dessins. Contre un bout de papier la réplique des coups de feu, de la kalachnikov, de la violence inouïe, de la mort. Qu’y a-t-il de plus terrifiant que des hommes prêts à tuer pour des gribouillages ?
À vouloir faire taire les audacieux, ces assassins ont inondé le monde de caricatures de Tignous, Honoré, Wolinski, Charb et Cabu. Et dans ce sillage de folie, ils ont ouvert les yeux à des personnes comme moi. Ils ont montré l’importance d’avoir des journalistes insolents qui, par le biais de l’humour, luttaient contre les dérives de l’intolérance et de la bêtise.
À nous aujourd’hui de prendre le recul nécessaire. À nous de nous dresser comme dernier rempart contre la peur et de faire barrage aux prémices d’une peur irrationnelle qui leur octroierait la victoire.
Marie-Amélie, 23 ans, étudiante en Master de communication, Paris
Illustration : Baptiste Sanchez, 19 ans, ex-KaBoom, Île-de-France