Au Maroc, je ne peux pas m’habiller pareil qu’en France
Mes parents sont en France depuis qu’ils sont enfants. Donc ils ont la mentalité d’ici. Ils m’ont élevée avec les traditions marocaines, mais avec aussi la mentalité française.
Quand je suis au Maroc, avec mon père, à Rabat, je m’habille comme je veux. Ma grand-mère du côté de mon père habitait en France, donc on va dire que son esprit est assez ouvert. Je m’habille classique : jean, petit débardeur, sans forcément de gilet par-dessus.
Quand je suis chez ma mère, à Oujda, c’est une autre histoire. Je dois m’habiller en me cachant un peu car c’est une petite ville où tout le monde se connaît. Ma grand-mère là-bas est moins ouverte d’esprit, donc je dois toujours mettre un gilet. Sinon, ça parle : « Vous avez vu comment sa petite fille s’habille ? ». Si j’ai le malheur de ne pas mettre de gilet, les gens sont choqués. Une fois, ma cousine a dit à tout le monde : « Ah regardez ! On voit ses bras ! ».
Qui devrait avoir honte ?
Un jour, à Oujda, je devais aller chez ma tante. J’ai mis une robe longue à fines bretelles. Quand ma mère m’a vue comme ça, elle m’a demandé de mettre un gilet pour me couvrir sous prétexte que mes tantes allaient « parler ».
Une autre fois, toujours au Maroc, et au même endroit, je suis sortie en jogging un petit peu moulant aux niveaux des cuisses. Dans la rue, les garçons me suivaient et m’interpellaient. J’étais extrêmement choquée et aussi quand même un peu gênée car habituellement, je me cache, mais qui devrait avoir honte ? Eux ou moi ? Je me pose tout le temps cette question.
Ghozlène est d’origine algérienne et là-bas c’est le même combat ! A lire : « En Algérie je ne me sens pas être une femme libre comme en France ».
Au contraire, quand je suis à Paris, je n’ai aucune contrainte au niveau de l’habillement. Ma mère et mon père me laissent m’habiller comme je veux. Il ne faut juste pas que ce soit trop court. L’avis de leur famille (de leurs mères surtout) leur importe beaucoup. Ils m’ont toujours dit de ne pas me préoccuper de l’avis des gens, mais de rester respectueuse. Quand on me fait des remarques, je réponds : « Je m’en fous, ça se passe entre moi et Dieu. »
Avoir une éducation plus libre que dans mon pays d’origine me permet de profiter de ma jeunesse et de connaître un peu plus de choses sur le monde.
Camélia, 16 ans, lycéenne, Paris
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