Iris G. 08/03/2018

Parents divorcés, deux personnalités

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Mes parents ont divorcé quand j'avais 7 ans. Depuis, je jongle entre deux modes de vie différents. Chez mon père ou chez ma mère, je ne suis pas la même.

Avec mon père, je vis dans un grand appartement avec terrasse dont il est propriétaire. Je vois souvent ma famille et mes amis peuvent facilement venir chez moi. Un environnement stable en somme.

Avec ma mère… c’est un peu plus compliqué. Depuis le divorce de mes parents il y a huit ans, elle a déménagé cinq fois. Je vois rarement les membres de ma famille car ma mère ne s’entend pas très bien avec eux. Je fais aussi moins venir mes amis chez elle car je ne m’y sens pas vraiment à l’aise.

Quand ma mère est partie de chez mon père, elle a emménagé dans un tout petit appartement de 35m2. Je vivais une semaine sur deux dans ce petit espace avec ma mère et ma grande sœur de quatre ans de plus que moi. Ma sœur et moi dormions dans une petite chambre et ma mère sur le canapé dans le salon. Quand ma mère a hébergé mon oncle pendant quelques mois, elle a dormi avec nous dans la chambre sur un matelas. Mon oncle, sur le canapé.

Le matin, avant d’aller à l’école, comme il était très tôt quand ma mère partait au travail et qu’elle ne pouvait pas me laisser aller seule à l’école, elle me déposait chez une de mes amies et je prenais le petit déjeuner avec elle, puis ses parents nous accompagnaient à l’école.

Plus assez d’argent, déménagement

Lors du deuxième déménagement, j’étais en CM2. Nous sommes parties dans un appartement beaucoup plus grand mais qui, comparé au premier, était très loin de chez mon père et de mon école : à Bry-sur-Marne, en banlieue parisienne.

Je devais prendre le RER avec ma mère ou ma sœur très tôt le matin, pour 1h de trajet. À ce moment-là, j’étais beaucoup plus souvent chez mon père pour que ce soit plus simple pour moi. Quand j’étais chez ma mère, au lieu de dormir dans ma chambre à moi, je dormais avec ma sœur dans sa chambre car nous n’avions pas l’habitude d’être séparées.

Troisième déménagement, retour dans le 11ème arrondissement de Paris, très proche de mon nouveau collège et de chez mon père. Là, je me sentais plutôt bien : j’avais un trajet court et le soir, je pouvais rentrer du collège avec mes amis. Ce n’était pas trop petit, donc c’était agréable. C’est le premier appartement, depuis le divorce de mes parents, dans lequel je me suis sentie presque chez moi. Mais un jour, on a dû déménager. On ne m’a jamais vraiment dit pourquoi, mais je crois bien que c’était une question d’argent.

Quatrième déménagement. Direction Charenton-le-Pont. Je crois que c’est l’un des pires appartements dans lesquels j’ai été. C’était un HLM qui se trouvait à quelques mètres de l’autoroute. On entendait le bruit des voitures même avec les fenêtres fermées. Il y avait des rumeurs comme quoi notre voisin du dessous était dealer de drogue. Depuis ma chambre, j’avais vue sur une centrale électrique. Avec ma mère, pour rigoler on l’appelait « la chambre Tchernobyl » parce qu’au fond, on trouvait ça drôle.

Chez moi c’est chez mon père

J’ai beaucoup de mauvais souvenirs dans cet appartement : j’y ai rencontré pour la première fois le copain de ma mère. Il faisait des remarques comme : « Tu es une fille tu ne peux pas vraiment faire ça. » Et tout à coup, il est venu habiter chez nous et a commencé à faire la loi dans la maison. Ma mère ne disait rien et le laissait faire. Ça a duré plusieurs mois. Ma sœur habitait plutôt chez mon père car elle ne voulait plus voir cet homme qui lui faisait des remarques constamment. Moi, je n’avais pas l’impression d’avoir le choix, car j’étais plus jeune et je ne voulais pas que ma mère se sente mal à cause de tout ça. Alors j’y allais.

Désormais, j’habite avec ma mère dans un appartement dans le 11ème arrondissement. Ma sœur n’habite plus à Paris. Elle fait des études dans une autre ville, mais vient de temps en temps nous voir. C’est près de chez mon père et de mon lycée. C’est toujours un peu compliqué parce que l’appartement est un peu petit, mais cela va déjà globalement beaucoup mieux.

La situation est bien plus stable qu’elle l’a été, mais l’appartement de mon père reste celui dans lequel je me sens le mieux. C’est mon vrai chez moi. C’est parfois compliqué pour ma mère car elle sait, elle sent, que je me sens mieux chez mon père. Mais je fais tout pour qu’elle sache qu’être mieux chez lui ne signifie pas que je préfère être avec lui. 

Iris, 15 ans, lycéenne, Paris

Crédit photo Giphy // Lost & Found Music Studios

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