Ils se sont attaqués à nous, jeunesses de France
Hier encore, je rêvais de rentrer sur Paris, boire un verre avec mes amis, leur raconter mes petites histoires et entendre les leur. J’aurais pu, ce vendredi, me balader dans le 10ème et peut-être même me poser dans un café, en terrasse. J’aurais fumé ma clope en pensant comme il est paisible d’être chez soi et de profiter de la beauté de Paris.
J’aurais pu les voir arriver, le voir pointer son arme sur mon front, voir cette satané balle me perforer le crâne. J’aurais pu m’effondrer et perdre la vie en vivant ma jeunesse.
J’aurais même pu être au Bataclan soutenir mon groupe préféré. Vous y croyez vous ? J’aurais pu mourir, ils auraient pu m’ôter la vie, me prendre ma jeunesse. Pourquoi ?
Je n’en sais rien. Leurs revendications ? Je n’en sais rien. Qui sont-ils ? Je n’en sais rien. D’où viennent-ils ? Je n’en sais rien. En réalité, toutes ces questions ne m’importaient pas jusqu’à aujourd’hui. Car oui, du haut de ses 22 ans, on ne se soucie encore que de vivre, d’apprendre, d’aimer et rêver de l’avenir. Mais pas de mourir. On n’y pense pas car ça nous paraît tellement irréel qu’un terroriste se pose face à nous. Ce n’était pas moi mais un ou une autre.
J’ai d’abord été profondément triste, j’ai pleuré et puis j’ai ressenti la haine.
Oui, la haine de me sentir vulnérable, la haine de savoir que maintenant ils s’attaquent à nous, jeunesses de France. C’est à moi qu’ils font la guerre. Ils essayent de tuer mon avenir. On nous dit qu’il faut continuer à vivre, mais putain ça aurait pu être moi ! Ça aurait pu être chacun d’entre vous. Je me sens impuissante face à tout ça, une impuissance qui m’effraie et me dégoûte. Je me sens par moment lâche de me cacher chez moi, de ne pas être sortie boire ce verre.Face à leurs armes, il y avait des sourires, des moments de joie. Mon Dieu, ça aurait pu être nos sourires.Mes parents me disent que face à la bêtise, on doit répondre intelligemment. Alors je cherche, j’imagine que la meilleure réaction est de continuer à vivre.
Essayer d’effacer la peur et la haine.
Relever la tête et sourire jusqu’à ce que le prochain ce soit moi ?
Flora, 22 ans, étudiante, Saint-Ouen
Crédit photo EV