Danielle S. 06/07/2020

Sur Insta, face aux « avions de chasse », je ne fais pas le poids

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Je me compare en permanence aux filles sur Instagram. Vous savez, celles qui ont un ou plusieurs milliers d'abonnés ? Je suis fascinée.

61, ce n’est pas mon nombre de dates, ni mon âge, mais mon poids. 61 kilos pour 1 mètre 63, donc disproportionnée d’après ma mère, mais aussi apparemment d’après les utilisateurs de la communauté d’Instagram.

Après avoir stalké plusieurs comptes de personnes (à majorité féminines) à l’ego surdimensionné et toutes plus fresh les unes que les autres, je me suis rendu compte que je n’avais pas les critères de beauté qui font la popularité des meufs qualifiées de « douceurs » sur la plateforme.

Fillette, pour atteindre le 1K d’abonnés sur IG, tu auras : un ventre aussi plat qu’une planche à pain. Pas les seins par contre qui doivent être, eux, fermes et robustes, effet fake. Enfin, un fessier aussi bombé et charnu que celui de la star de téléréalité làààà dont le nom commence par un K. Et en surplus, si tu pouvais avoir un joli minois, ding ding ding c’est le jackpot ! Tu gagnes la gloire, les 1000 subscribers, et pourquoi pas un Jules si t’as de la chance ?

Moi, je n’ai pas tout ça…

Bon, par fierté, je ne dirais pas que je suis dégueu non plus, mais je sais que je n’ai pas la silhouette qui me rendra populaire auprès des hommes, mais aussi des femmes. Pour être tout à fait honnête j’ai environ 300 abonnés, et bien que j’essaie de me persuader que ça ne m’affecte pas, ça le fait parfois…

Instagram privilégierait-il un physique plutôt qu’un autre ? C’est ce que dénoncent certaines influenceuses grande taille. Ouest-France revient sur l’algorithme qui décide du contenu visible sur la plateforme.

On ne va pas se mentir, beaucoup de filles cherchent à avoir le compte aux photos les plus sexy. Majoritairement, c’est le cas de filles dont j’ignore le nom (influenceuses professionnelles ou à leurs heures…). Mais certaines filles que je connais ont ce genre de compte à faire baver plus d’un et rager plus d’une. Elles se mettent en valeur, à tel point qu’on dirait que les photos prises sont dignes d’un professionnel (cadre parfait, couleurs parfaites, et j’en passe…). Voir toutes ces nanas parfaitement galbées, au regard de braise sur IG, ça me la fout mal.

Ces gens sont plus populaires que moi, donc meilleurs que moi : CQFD

Je ne cherche même pas à avoir ce genre de compte sur Instagram. Perso, mon compte, c’est des photos de voyages (comme ça c’est dit). Je me sens déclassée. Je suis tombée dans le piège des utilisatrices facilement impressionnables.

Dès que je vois les autres comptes, au nombre d’abonnés plus élevés que moi, aux photos plus sexy que les miennes, je suis comme persuadée que ces gens sont plus populaires que moi, plus beaux que moi, donc meilleurs que moi : CQFD. D’après mes pairs, « cela n’est point » maaiiiis… vous-même vous savez…

La chaîne Tataki revient sur ces complexes développés par des utilisatrices d’Instagram. Le mal d’une génération décortiqué pour la Royal Society for public health. Instagram serait le réseau social qui nuit le plus à notre santé mentale…

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Tout ce qu’elles créent, c’est toujours plus de concurrence avec les autres filles. Le stalking, le stalking, et encore le stalking. J’aime scruter, lorgner, inspecter les moindres détails des tenues, des coiffures et des postures des autres meufs. Mais en bonne rageuse, jamais je n’avouerai ma jalousie, je me contenterai seulement d’une morsure des lèvres et d’un commentaire à la « trop belle bae ! ». Tout ce que vous faites à travers vos photos sexy, les gows, c’est de susciter de la jalousie.

Des potos se vantent d’attirer des « avions de chasse »

Un autre truc à savoir : je n’ai pas de copain pour le moment, et Instagram me rappelle bien pourquoi… À ce qu’il parait IG serait le nouveau Tinder, aka la nouvelle appli qui crée les couples d’un jour ou de toujours. Je m’appuie uniquement sur des dires de jeunes hommes (des potos) se vantant d’attirer le plus d’« avions de chasse » spécialisées dans le nude et les messages coquins en tout genre.

Ça se résume comme ça. En terminale, un pote m’a fait part de sa conception de l’amour et du fait qu’il existerait deux types de meufs : les meufs d’un soir (au visage pas ouf, mais au corps torride) et les meufs à marier (soit belle mais pas forcément bonne, dont le comportement est digne d’une future mère au foyer). Je ne vous dirai pas dans quelle catégorie j’étais selon lui… Il se vantait d’attirer beaucoup de meufs via DM [message privé]. Le gars était devenu un véritable prédateur environné de « proies ». Je ne savais pas que les DM étaient autant utilisés. Bref, cette nouvelle technique de drague me dépasse… quand je rentre chaque soir seule à continuer de rêver de pouvoir l’utiliser.

Instagram a changé ma vie, dans le bon ou mauvais sens du terme, je n’ai pas encore choisi. Je découvre de nouveaux comptes géniaux sur la plateforme mais, en même temps, j’ai tendance à faire plus attention à mon apparence (je me maquille plus, je tente d’avoir les mêmes poses que les autres filles [ventre rentré, seins sortis, fesses bombées]) et ça me rend plus stressée.

Pour Fatou, victime de colorisme, Instagram et la représentation de plus en plus présente de femmes noires ont participé à son acceptation de soi : « Sur Instagram je suis plein de pages type #Darkskinbeauty. Depuis, j’ai un peu gagné en confiance en moi. »

Mais ce que j’ai constaté également, c’est que ces filles, si populaires sur les réseaux soient-elles, ne le sont pas forcément dans la vie réelle. Certaines sont même effacées, comme si c’était dans le virtuel qu’elles existaient vraiment. J’ai une copine de fac qui en est l’archétype même ! Dans la promo, cette fille semble effacée, on ne la voit pas. En revanche, sur Insta, la meuf est GIGA populaire, genre une star à plus de 1000 abonnés qui poste des photos d’elle chaque semaine minimum, en bikini, en cuir, en short. On la voit sous toutes les coutures. C’est triste… mais pour une fille lambda comme moi c’est rassurant !

 

Danielle, 20 ans, étudiante, Vélizy

Crédit photo Pexels // ArtHouse Studio

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