ZEP 12/07/2017

#Jemontemaboite : son robot est au service des enfants autistes

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Ils ont moins de 30 ans et se démènent pour faire vivre leur (jeune) entreprise ! Aujourd’hui, rencontre avec Marine : elle a inventé un robot pour aider les enfants autistes à apprendre et s'épanouir...

Marine a 27 ans et elle est la cofondatrice de Leka, une entreprise qui produit « un robot interactif et éducatif pour aider les enfants autistes à apprendre et progresser en s’amusant. »

Graine d’entrepreneuse…

« Ado, j’ai imaginé plein de trucs différents pour mon avenir, je suis passée de mécanicienne à prof de SVT. Au lycée, j’ai voulu faire du design. Puis je me suis rendu compte que je n’aimais pas faire de dessin sur mon temps libre, je suivais juste une mode. » Après avoir hésité à faire une fac de pharmacie, Marine s’est finalement dirigée vers une école d’ingénieur dans le domaine de la biologie, sans vraiment se projeter dans l’avenir.

« Je n’avais pas de but précis, à part celui d’étudier la biologie. J’ai passé cinq ans à l’EBI, me dirigeant au fil des années plutôt vers le développement de produits cosmétiques. » Admirative des chefs de petites entreprises dans lesquelles elle a pu, au cours de ses études, faire des stages, Marine n’imaginait néanmoins pas devenir un jour entrepreneuse : « J’aimais bien entreprendre des choses, mais dans le cadre de projets bien définis. Je n’imaginais pas pouvoir moi-même être un moteur. » C’est un projet d’études qui l’y a finalement poussée…

Un jour, l’idée !

C’est en 2011, dans un cours de « design et société », que l’idée à l’origine de l’entreprise de Leka est née. « Le prof avait un enfant autiste et il nous a demandé de réfléchir à des jeux adaptés. » Avec son groupe, Marine est rapidement partie sur un projet robotique. « Les enfants autistes étant dans leur bulle, on a pensé un robot qui aurait une forme sphérique pour interagir avec l’enfant et faire exploser sa bulle, l’ouvrir au monde. »

Une idée purement design – un robot en forme de ballon de handball – qui a vite débouché sur un projet bien plus ambitieux. 2012, cours de marketing et de création d’entreprises : « La prof a accepté qu’on traite ce projet de robot qui était loin de notre domaine d’études, à condition qu’on ait un prototype à montrer à la fin de l’année. » Ce que le groupe d’étudiants a donc fait, motivé par leurs rencontres : « On a échangé avec des professionnels de santé, des parents, les futurs utilisateurs de notre robot, et les retours étaient super enthousiastes ! »  Puis est arrivée la fin de la scolarité et cette proposition de Ladislas, l’un des étudiants au cœur du projet : « Moi je continue, qui suit ? »…

Marine a suivi. « J’étais assez optimiste. Je me suis dit que si ça ne marchait pas, ce n’était pas grave, qu’on arriverait toujours à rebondir. C’était excitant. » Marine et Ladislas en avaient eu la preuve durant leurs études, Leka – « jouer » et « se soigner » en suédois – arrivait à point nommé : « On avait l’impression que ça ne pouvait qu’avancer ! »

Par contre, sur le plan perso… pas été évident : « On ne s’est pas rémunérés tout de suite. Je n’avais pas 25 ans, donc pas de RSA. C’était très dur pour moi, je n’avais pas d’argent de côté. Mon copain a vraiment payé toutes nos dépenses quotidiennes communes : loyer, nourriture… Et toutes mes dépenses personnelles. Sans lui, clairement je ne pouvais pas «vivre». » Marine a bien tenté de se faire aider par des assistantes sociales…  « mais quand on a fait une école d’ingénieur, forcément, on nous dit qu’on peut bien se débrouiller tout seul et chercher un boulot qui paie, ce que je comprends : d’autres personnes ont quand même besoin de plus d’aide ! »

Si Marine n’avait pas eu son copain pour l’aider financièrement, c’est sûr : elle n’aurait pas pu entreprendre.  « Quand on est une femme, jeune, qu’on a envie de se lancer et qu’on se dit « Ok super, je suis dépendante de mon copain »… C’est hyper dur à accepter. Mais ce sont des choix à faire : j’aurais pu essayer d’avoir un prêt personnel, mais je ne souhaitais pas «m’endetter». J’aurais pu trouver un autre boulot en intérim ou bien donner des cours, faire du babysitting le soir. Mais sans argent de côté, ni soutien d’amis, c’est un parcours très compliqué ! »

Depuis février 2016, Marine peut (enfin) se verser un salaire, « le smic au début, 1800 euros net aujourd’hui. Je peux enfin mettre de côté et payer des restaurants à mon copain. » Et ça, c’est essentiel ! « C’est comme ça que je définirais la réussite : être indépendant, financièrement et moralement. »

Développer son projet…

« On peut se lancer avec rien, si on est capable d’assurer une vie personnelle faite de restrictions et sacrifices au début ou si on est très riche et qu’on peut garder son train de vie. » 

Le financement du projet en lui-même n’a ainsi jamais été un souci pour Marine et son associé. « Au niveau du milieu du handicap et de l’autisme, on avait un réseau. Le bouche-à-oreille nous a permis de trouver, de contact en contact, les bonnes personnes à rencontrer. Quand on lance son entreprise, il y a tout un écosystème et on peut facilement trouver des ressources. » Deux pépinières ont ainsi accueilli Leka, permettant à la toute jeune entreprise de se développer sûrement. Aujourd’hui, la période d’incubation terminée, c’est un peu plus compliqué. « On se rend compte qu’il y a quand même pas mal de coûts associés au logement et à l’accompagnement. »

Le financement de Leka : mise personnelle (5000 euros à deux), prix de concours (5000 euros prix PEPITE), prêt d’honneur personnel à taux zéro Scientipole, gain du Concours Innovation Numérique (200 000 euros), levée de fonds de 500 000 euros…

Mais l’entreprise (sur)vit ! Prêts d’honneur, aides de la BPI, gains de concours, levées de fond, précommandes… Ils sont aujourd’hui 7 à travailler à plein-temps au développement de Leka. « J’ai appris énormément dans plein de domaines, le code, le développement produit, mais le truc sur lequel on apprend le plus, c’est le management. On n’apprend pas ça à l’école, ou très peu. Devoir gérer une équipe sur des compétences pour lesquelles on n’est pas expert, faire travailler tout le monde ensemble, être attentif aux envies de chacun, ce n’est pas évident. » Mais même s’il y a des hauts et des bas – « dans l’entrepreneuriat, on n’est jamais dans une phase de stabilité ! » -, même si le développement du robot prend du temps, Marine n’a jamais songé à abandonner son projet : « Ce qui me permet de tenir, c’est l’excitation du produit en lui-même, de savoir que cela apporte quelque chose, que cela va aider des gens. Des personnes attendant vraiment notre robot ! » Et enfin, le robot va arriver ! Prochaine étape : l’industrialisation, et la livraison des prototypes ! Rendez-vous en septembre…

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1 réaction

  1. Je connais bien Leka pour en avoir entendu parler sur Lilo, le moteur de recherche qui aide à financer des projets solidaires. Et je dis bravo à ses concepteurs !

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