Jeux vidéo : l’amitié en ligne, c’est des vraies connexions
Bling est mon meilleur ami. On ne s’est pourtant jamais rencontrés. Mais nous avons passé énormément de temps ensemble en jouant en réseau aux jeux vidéo. Ce genre d’amitié, je ne l’ai jamais retrouvé ailleurs.
Je joue aux jeux vidéo depuis sept ans. Il y a cinq ans, j’ai fait la connaissance de Bling en jouant en réseau. Je le connais depuis bien plus longtemps que mes amis dans la vraie vie, IRL. C’est la personne avec qui je passe le plus de temps. Je le connais dans les moindres détails, nous nous parlons de tout : la famille, le collège, la vie… Je sais où il habite, son nom, son prénom. Nous avons déjà passé plus de 12 heures d’affilée en vocal – c’est quand on communique avec un casque en jouant en réseau aux jeux vidéo.
Cette amitié ne tient qu’à une machine
Nous achetons les mêmes jeux pour jouer ensemble, nous jouons à tout : des MMORPG, dont le but du jeu est de choisir un rôle et jouer sur des serveurs avec 100 autres joueurs connectés simultanément. Mais aussi des jeux de survie (aussi appelés ARK dans le jargon) où le but est de survivre, récolter des ressources et apprivoiser des créatures. On apprécie également les jeux de tirs (comme Overwatch) où il faut coopérer en équipe pour obtenir la victoire.
On y crée des amitiés, on est plongés dans des histoires, on en fait notre métier… Aujourd’hui, les jeux vidéos ont pris une part très importante dans notre société. France Culture y a consacré une série et on vous partage le premier épisode !
Mais cette amitié ne tient qu’à une machine et une connexion. Parfois, un problème de connexion nous coupe pendant plusieurs jours. Avec Bling, nous avons joué, triché, embêté d’autres joueurs comme dans la vraie vie. Pour moi, il n’est pas nécessaire d’avoir un contact visuel pour créer une vraie amitié. Ce n’est pas ça qui la caractérise, qui la rend vivante.
Avant Bling, j’ai lié des amitiés avec d’autres joueurs, mais subitement, un jour, ils ont arrêté de jouer et ont quitté le réseau. Nous ne les reverrons jamais. Pour moi, c’est comme si leur départ marquait leur mort. Nous ne nous reparlerons jamais, nous ne nous verrons jamais. Nous nous sommes connus cinq ans, mais aujourd’hui ils sont morts, déconnectés.
Se confier en ligne, c’est plus simple
Même si certains disparaissent, pour moi, c’est indiscutable : on peut qualifier d’amis des personnes dont on ne connaît que la voix et pas le visage. Connaître des personnes rien qu’avec leur voix nous permet de jouer avec des gens de tout âge, des adultes de 40 ans qui parlent de leurs enfants, comme des enfants de 10 ans.
Avec les jeux en ligne, David s’est construit une vie virtuelle et s’est coupé de sa famille. Il explique son addiction et comment il a réussi à reconnecter avec la réalité.
Se confier à quelqu’un comme ça, c’est plus simple : la personne à qui tu le dis ne pourra jamais le redire à ton entourage IRL. Entre ces deux mondes, il y a une barrière qui fait en sorte que ce qu’il se dit sur le réseau reste sur le réseau.
Même si ce genre d’amitié compte beaucoup pour moi, je ne la trouve pas supérieure ou mieux qu’une amitié IRL. Il faut des amis des deux côtés, car une amitié sur le réseau ne tient parfois qu’à un fil, et inversement.
Rémi, 14 ans, collégien, Rennes
Crédit photo Unsplash // CC Oleksandr Kurchev