La COP 21 : j’y étais !
Cette journée du samedi 12 décembre 2015 n’avait rien d’anodin. En effet, c’est ce jour-là que fut signé l’accord sur le climat, qualifié d’accord de Paris, par les 195 pays présents, clôturant ainsi la COP 21. Certains qualifient cet accord d’historique, car il est le premier où autant de pays tombent d’accord et que l’un des points principaux va légèrement plus loin que les exigences des associations et ONG (objectif de +1.5°C au lieu de +2°C à ne pas dépasser avant 2100).
D’autres pensent qu’il ne s’agit que de la poudre aux yeux, car il ne contient aucune mesure contraignante envers le respect des articles signés, car il ne fait nulle mention des énergies renouvelables comme solution alternative (tout en ouvrant la porte au tout nucléaire) et car il laisse la possibilité à tous les pays signataires de quitter l’accord, qui prendra effet en 2020, au bout de 3 ans. Mais je ne vais pas lancer le débat sur l’utilité de cet accord, plutôt témoigner des 2 jours que j’ai passés en région parisienne et de ce que j’ai vu lors de la COP 21.
Le Bourget : la COP officielle
Avec une quinzaine de policiers surarmés, filtrant et fouillant les gens à l’entrée, pas de doute : j’étais bien devant le bâtiment principal, aussi appelé zone bleue. Bien entendu, je n’ai pas pu y entrer, cette zone n’étant réservée qu’aux personnes accréditées. A quelques centaines de mètres de là : la zone verte, nommée Espace Génération Climat. L’entrée était là aussi soumise à une fouille, tel un passage par la douane (avec des portiques et des machines à rayons X). A l’intérieur; des conférences sur le thème de la transition énergétique ainsi que des stands tenus par des ONG et des associations.
Sur ceux-ci, il était possible de tester plusieurs vélos permettant de produire de l’énergie (pour charger son téléphone, alimenter une sono géante ou un mixeur faisant du jus de fruit), mais aussi d’être sensibilisé et informé des conséquences du réchauffement climatique, sur les possibilités de sources d’énergie alternatives. L’Espace Génération Climat était vraiment immense, à tel point qu’il m’aurait fallu trois jours pour discuter avec les intervenants de chaque stand.
Les lieux alternatifs : la COP citoyenne
Parmi tous les lieux alternatifs présents dans Paris ou sa banlieue, il y avait la Zone Action Climat, situé dans le 19e arrondissement, véritable quartier général de la Coalition Climat 21. La ZAC a été un lieu d’information (conférences, débats, expositions), de préparation des manifestations alternatives et d’accueil des assemblées générales journalières (animées par les multiples associations présentes).
Plus au sud de Paris, dans le 14e arrondissement, sur le site de l’ancien hôpital Saint Vincent de Paul, avait pris place l’Auberge de la COP. A l’initiative de plusieurs associations, ce lieu a joué le rôle de véritable dortoir pour un grand nombre de participants de la COP 21 citoyenne. Soirées animées, rencontres chaleureuses et inattendues, la bonne humeur était toujours présente en ce lieu.
Nous voulons la justice climatique
Ce 12 décembre 2015, pendant que les chefs d’État réglaient les derniers détails de leur accord sur le climat, les citoyens, eux, se mobilisaient pour exiger des mesures et des prises de décisions plus fermes. Ainsi, des 9h du matin, les citoyens étaient invités à se placer dans divers points géolocalisés de Paris. Leurs positions formant, vu du ciel, les mots »Climate Justice Peace ». Plus tard, un peu avant midi, les citoyens pouvaient rejoindre, de rouge vêtus, le rond-point Charles de Gaulle et ainsi défiler, en suivant un tapis rouge placé sur l’avenue de la Grande Armée, depuis l’Arc de Triomphe jusqu’au quartier de la Défense. Les citoyens ont ainsi pu montrer à nos dirigeants, symbolisés par le quartier de la Défense, qui »a le dernier mot ». Enfin, sur le coup des 14h, il était possible de rejoindre la manifestation pour la Justice Climatique, prévue au Champ-de-Mars. Initialement interdite par le gouvernement, la manifestation a finalement été autorisée, avec plusieurs centaines de policiers entourant le lieu afin d’assurer la sécurité des manifestants. Une chaîne humaine s’est ainsi mise en place, tout autour du Champ-de-Mars. Le nombre de personnes présentes était tel que la chaîne humaine faisait plus de trois fois le tour de l’esplanade. Un des côtés de la chaîne s’est mis à prononcer les paroles suivantes »What do you want ? », »Climate Justice ! » a immédiatement répondu l’autre côté. Comme dans les tribunes d’un stade, les manifestants se répondaient de part et d’autre du Champ-de-Mars. Puis, la chaîne a continué son chemin jusqu’au Mur de la Paix, où les 20 000 personnes présentes ont pu assister à des prises de parole d’intervenants et des chants engagés.
On ne lâche rien !
Ce que je retiens de mon court séjour est le fort engagement militant que j’y ai vu. J’ai ainsi pu voir énormément d’associations et d’ONG engagées pour le combat contre le réchauffement climatique, proposant des alternatives et des solutions. Mais aussi, j’ai pu voir ou discuter avec des gens du monde entier : des italiens, allemands, américains, canadiens, africains et japonais. Tous ces gens étaient réunis pour une seule et même cause : la Justice Climatique. Et pour reprendre les slogans entendus pendant les manifestations : on ne lâche rien !
Johann, 29 ans, médiateur scientifique, Marseille
Crédit photos Johann