Mon bidonville a brûlé alors on doit se reloger
À midi et demi, quand tout a brûlé, j’étais sur le bidonville. On a appelé les pompiers. Ils sont arrivés à 13h. Le propriétaire du terrain où il y avait notre platz [bidonville] a appelé la police et leur bus est arrivé pour évacuer. J’ai pas aimé, ils nous ont pas laissé prendre nos affaires, ni le générateur d’électricité. Ils étaient violents alors que ça coûte cher. On est tous montés dans le bus, environ une cinquantaine. Et ils nous ont amenés dans un gymnase pour la nuit. La police est partie.
Le lendemain matin, les associations sont venues donner un hôtel à chaque famille avec enfants. Moi, j’ai des frères et sœurs, donc on y a eu droit. C’était un joli hôtel. Chaque jour, des personnes, des associations, des gens de la mairie, venaient pour nous demander si nous étions bien installés, si on voulait rester là, si on avait des problèmes.
J’aimerais avoir un camp qui reste
J’avais vécu quatre ans dans l’ancien bidonville. Le quitter m’a rendu triste. Mais à l’hôtel, je suis bien parce qu’il y a des douches. On va y rester encore un peu car il fait froid. Après, on cherchera un autre terrain sur lequel se réinstaller. Mon père travaille à la ferraille, mais à l’hôtel on peut pas la stocker. C’est pour ça qu’il faut qu’on cherche un autre camp où il y aura de la place.
Denisa habite elle aussi dans un bidonville. Jeune maman, elle rêve de trouver du travail et d’avoir un appartement à elle. « Je veux que ma fille ait une autre vie que la mienne »
Les recherches, ça peut durer deux, trois jours ou deux semaines. On est 30, 40 personnes, des familles avec qui on était avant. Tout le monde va chercher. On regarde un terrain où on peut construire des baraques. On cherche pas trop grand, pour quelques personnes, parce que sinon le platz ne reste pas propre et on peut avoir des problèmes avec la police. Une fois le terrain trouvé, on parle avec le propriétaire. S’il est d’accord, on s’installe. Sinon, on continue à chercher. La police vient. Ils nous donnent une date pour aller au tribunal et voir si la mairie va nous laisser rester. Tout ça peut prendre deux mois.
C’est à ce moment-là que je quitterai l’hôtel. Je n’aime pas changer d’endroit. Bouger tout le temps, c’est fatigant. J’aimerais avoir un camp qui reste.
Samuel, 20 ans, volontaire, Rungis
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